Après s'être muré dans le silence en pleine colère des agriculteurs, qui n’ont pas manqué d’assiéger nombre de ses enseignes, Michel-Edouard Leclerc est remonté au créneau, ce lundi 5 février, pour faire ses mises au point et dénoncer le gouvernement et certains députés qui ont, selon lui, orienté la grogne vers ses magasins.
Michel-Edouard Leclerc, président du comité stratégique des centres E. Leclerc, a été offensif et accusateur sans réserve, ce lundi, lors de son intervention sur la matinale de France Inter. Après un silence pesant en pleine colère des agriculteurs, il n’a pas hésité à pointer la responsabilité du gouvernement, notamment, dans la crise qui secoue le monde agricole. « On en a parlé entre nous et on s'est dit que ce n'était pas à nous d'aller répondre à la place du ministre de l'Agriculture sur le régime des retraites insuffisant des agriculteurs, sur l'incapacité de négocier des bons accords commerciaux type Mercosur ou de définir les surnoms sanitaires », a expliqué Michel-Edouard Leclerc.
Ce dernier, qui se dit non seulement « sacrifié » sans « message ni d’appel » de soutien, évoque une volonté de le cibler avec des « consignes de manifestation » orientées vers la grande distribution. « Toute manifestation paysanne se finit sur les parkings des hypermarchés, c'est une manière pour les pouvoirs publics de dériver les tensions sur des espaces sans trop de population et avec des dégâts modérés ». Le patron des magasins E. Leclerc pointe du doigt des députés de la majorité présidentielle d'avoir posté une série de tweets le visant personnellement. Il se demande, par ailleurs, pourquoi la colère n’a pas ciblé d’autres parties tout autant concernées par la crise, notamment les industriels qui achètent un tiers des produits agricoles français, tout comme la grande distribution, ou encore la restauration collective.
La réponse de Leclerc aux agriculteurs
Répondant aux reproches des agriculteurs qui chargent l’enseigne E. Leclerc d’avoir une préférence pour les produits étrangers, Michel-Édouard Leclerc fera récitation d’une liste de plusieurs produits en vente dans ses magasins qui balaye cette accusation. « 100% de la viande de porc fraîche de notre marque distributeur est française », « 100% de la viande de bœuf » également, « 100% de nos farines boulangères », « 100% des œufs frais ». « Sur les fruits et légumes, 75,5% des volumes achetés par l'enseigne sont d'origine française et même 99% des cerises, 96% de nos pommes, 99% pour les poireaux, 94% pour les abricots », appuie-t-il avec détail, en promettant que l’enseigne n'a jamais enfreint la loi Egalim.
Les multinationales dans la cible
Dans son élan, il oriente la cible plutôt vers les multinationales des produits de consommation qui ont bien profité, selon lui, de l’inflation pour multiplier leurs bénéfices. « On négocie avec Nestlé qui a augmenté ses dividendes de 13% - ils sont suisses, on négocie avec Pepsico -américain- qui a augmenté ses dividendes de 13% l'année dernière, Procter & Gamble a augmenté ses dividendes de 23% -ils sont américains, Unilever a augmenté ses dividendes de 16,5% -Royaume-Uni/Pays-Bas, la bière Inbev +26%, ils sont belges, Coca Cola 28,8% c'est USA... Il y a un français Pernod-Ricard +29% », recense Michel-Edouard Leclerc. Cela dit, ce dernier reconnaît assumer « une part de responsabilité » dans cette crise. « Si on fait des bêtises, on les corrigera », promet-il.