Le gouvernement français a affiché sa volonté de donner un nouveau souffle à l'industrie nationale. Un obstacle se dresse toutefois face à cette volonté de renouveau : les besoins en recrutement demeurent importants et les entreprises peinent à attirer de nouveaux candidats.
Certains DRH dans le secteur de l'industrie ne cachent pas leurs inquiétudes. L'industrie fait de moins en moins rêver chez les jeunes, réticents à l'idée d'aller « travailler à l'usine ». Stéphanie Lagalle-Baranès est chargée de piloter les besoins de recrutement et de formation des 32 principales branches industrielles françaises (sauf l’agroalimentaire) au sein de l’organisme paritaire OPCO 2i. Elle affiche des doutes quant aux potentialités de recrutement futures de ce secteur d'activités, alors que l'industrie française tente de relocaliser ses activités sur le territoire national. « L'industrie française connaît des tensions assez fortes sur des compétences clés », explique-t-elle.
L'industrie française peine à recruter
Même constat chez Patricia Gabriel, directrice des ressources humaines chez KSB, un fabricant de pompes et robinets industriels détenteur de cinq usines en France. L’usine KSB n’emploie que 130 personnes. « Les filières de baccalauréat professionnel ont disparu dans le coin », déclare-t-elle, en citant en exemple le cas de Châteauroux, dans l'Indre. « Et si l’État nous a ouvert la possibilité d’ouvrir nos propres écoles localement, c’est impossible pour nous d’offrir des débouchés chaque année », déplore-t-elle.
💬 "Il faut de l'industrie en France, c'est indispensable ! Il va y avoir de belles carrières, partout les besoins de recrutement sont très importants, avec des usines vertes"@NicolasDufourcq, directeur général de BPI France, invité de @JeromeFlorin dans #RTLMatin pic.twitter.com/IafyonsBOY
— RTL France (@RTLFrance) August 9, 2022
76 000 postes à pourvoir
KSB s'est associée, il y a cinq, à d'autres employeurs locaux, afin de satisfaire ses besoins en recrutement. L'entreprise d'intérim Adecco a également été sollicitée à cette même fin et dans le but de lancer une filière de formation. L'entreprise y recrute chaque année quatre ou cinq employés d'usine spécialistes en mécanique. « Un poste de technico-commercial itinérant dans la région d’Aix-en-Provence avec voiture de fonction est resté vacant six mois, du jamais vu. (...) Il y a seulement quatre ans, on n’avait même pas besoin de publier un poste comme celui-ci, les gens venaient par le bouche-à-oreille », s'inquiète Patricia Gabriel.
La réalité est que les métiers de l'industrie sont de moins en moins séduisants auprès de la population active. Ils véhiculent un tas de clichés négatifs décrivant des emplois pénibles. Le bruit, les gestes répétitifs, le manque d’autonomie ou les horaires contraints sont autant de facteurs dissuasifs associés au travail en usine. Face à ce constat, l'industrie tente de se renouveler, afin de redorer son image. Certains DRH tentent désormais d'offrir des contrats flexibles pour offrir aux employés la possibilité d'un second emploi. Une journée de congé hebdomadaire supplémentaire est également parfois proposée dans le but de séduire de nouveaux employés.
Au total, les 32 différentes branches industrielles, dont le chimique, l'automobile, l'aéronautique ou la pharmaceutique, prévoient de recruter 280 000 personnes au cours de l'année 2023. Ils comptent à ce jour de 76 000 postes non pourvus, du souffleur de verre au chercheur en matériaux, en passant par les techniciens de maintenance industrielle.