Un nouvel impôt sur les ultra-riches pourrait voir le jour en France. Portée par des députés de gauche, cette proposition vise à instaurer un taux minimal d’imposition de 2 % sur les grandes fortunes. Son adoption pourrait marquer un tournant dans la politique fiscale française, mais elle fait face à de nombreuses résistances.
Le texte, défendu par plusieurs députés du groupe Écologiste et social, sera examiné le 21 février à l’Assemblée nationale. Contrairement aux précédentes propositions fiscales, cette contribution exceptionnelle ne concernerait qu’un nombre très restreint de contribuables. Seuls les 0,01 % des foyers les plus riches, soit ceux dont le patrimoine dépasse 100 millions d’euros, seraient redevables de cette taxe.
L’objectif affiché est double : garantir une contribution fiscale minimale des grandes fortunes et lutter contre les stratégies d’optimisation fiscale qui permettent à certains très hauts revenus de réduire drastiquement leur imposition. Cette mesure permettrait de générer entre 15 et 25 milliards d’euros de recettes fiscales, selon les estimations avancées par l’économiste Gabriel Zucman.
Une mesure soutenue à gauche mais contestée à droite
Si cette initiative rencontre un large soutien à gauche, notamment au sein de La France Insoumise (LFI) et des écologistes, elle suscite en revanche une forte opposition du côté du gouvernement et de la droite. Éric Coquerel, président LFI de la commission des Finances, estime que cette réforme est nécessaire pour une meilleure répartition des richesses et pour lutter contre un système fiscal trop favorable aux plus aisés.
En revanche, François Bayrou et plusieurs voix au sein de la majorité s’opposent fermement à ce projet. Le gouvernement craint notamment un impact négatif sur l’attractivité économique de la France. Matignon met en avant le fait qu’un impôt sur le stock de patrimoine pourrait décourager l’investissement et fragiliser certaines entreprises familiales. De plus, des risques d’exil fiscal sont évoqués, certains milliardaires pouvant choisir de transférer leur domicile fiscal à l’étranger pour éviter cette taxation.
Le gouvernement privilégie une approche internationale
Plutôt que d’adopter une mesure unilatérale, le gouvernement mise sur une coordination fiscale internationale, indique Mercipourlinfo. Bercy travaille actuellement sur un impôt minimal sur le patrimoine qui pourrait être intégré dans le budget 2026. Cette approche s’inscrit dans les discussions menées à l’OCDE, qui cherche à instaurer un cadre fiscal global pour limiter les écarts d’imposition entre les pays.
Le ministère de l’Économie souligne que la priorité est de lutter contre les montages fiscaux abusifs et de mieux encadrer l’optimisation fiscale des grandes fortunes. Une fiscalité minimale à l’échelle internationale permettrait d’éviter les délocalisations et d’assurer que les plus riches contribuent équitablement, sans pour autant nuire à la compétitivité du pays.
Impôt sur les ultra-riches : un enjeu politique majeur pour Emmanuel Macron
L’adoption d’un tel impôt marquerait un revers politique pour Emmanuel Macron, qui a toujours défendu une approche favorable à l’entrepreneuriat et à l’investissement. L’une des mesures phares de son premier quinquennat avait été la suppression de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF), remplacé par un impôt sur la fortune immobilière (IFI) en 2018. Ce choix, justifié à l’époque comme un levier pour encourager les investissements productifs, a contribué à son image de « président des riches », selon ses opposants.
Si le débat sur une taxation accrue des grandes fortunes prend de l’ampleur, notamment en raison de la pression sociale et politique, son adoption reste incertaine. L’équilibre entre justice fiscale et attractivité économique sera au cœur des discussions, tandis que la France devra composer avec un contexte économique fragile et une dette publique en forte hausse.