Le projet de loi de finances 2025 prévoit des ajustements fiscaux qui bénéficieront à certains ménages tout en pénalisant d’autres. L’indexation du barème de l’impôt sur l’inflation préserve une majorité de contribuables, mais les très hauts revenus et les investisseurs locatifs verront leur fiscalité se durcir. Décryptage des principaux changements apportés par ce budget.
L’une des mesures phares du budget 2025 concerne l’indexation du barème de l’impôt sur le revenu sur l’inflation annuelle de 2024, fixée à 1,8 %. Cette disposition empêche une hausse mécanique de l’imposition pour les contribuables dont les revenus ont suivi l’inflation.
Un gel du barème, un temps envisagé, aurait pénalisé 18 millions de foyers imposables et aurait entraîné l’entrée de 619 000 contribuables supplémentaires dans l’impôt sur le revenu. Grâce à l’indexation, la montée en puissance des prélèvements reste contenue, sauf pour ceux dont les revenus ont progressé plus rapidement que l’inflation.
Toutefois, cette revalorisation est légèrement inférieure aux +2 % initialement prévus, ce qui limite les économies fiscales pour les ménages concernés. Par exemple, un célibataire gagnant 2 000 euros par mois verra son impôt baisser de 49 euros, tandis qu’un couple avec deux enfants et un revenu de 2 700 euros chacun bénéficiera d’une diminution de 123 euros.
Les très hauts revenus ciblés par une nouvelle contribution fiscale
Si la majorité des contribuables profiteront de l’indexation, les très hauts revenus seront soumis à une contribution fiscale minimale inédite. Le gouvernement instaure une Contribution Différentielle sur les Hauts Revenus (CDHR), qui fixe un taux minimum d’imposition de 20 % pour les contribuables percevant plus de 250 000 euros par an pour une personne seule et 500 000 euros pour un couple.
Cette réforme vise à lutter contre les niches fiscales qui permettent à certains ménages fortunés d’optimiser fortement leur fiscalité. Néanmoins, cette mesure ne concernera pas les revenus de 2024, faute d’avoir été votée avant le 31 décembre dernier, mais elle s’appliquera bien aux revenus perçus à partir de 2025.
Les investisseurs immobiliers durement impactés
Les contribuables investissant dans l’immobilier locatif seront parmi les principaux perdants de ce budget. Le dispositif Pinel, qui permettait de bénéficier d’un avantage fiscal en échange d’un engagement locatif, n’a pas été pas reconduit après le 1er janvier 2025.
De plus, la fiscalité des locations meublées devient plus stricte. Jusqu’à présent, les propriétaires pouvaient déduire fiscalement les amortissements liés à leurs biens, réduisant ainsi leur imposition. Désormais, ces amortissements seront réintroduits dans le calcul des plus-values immobilières, ce qui augmentera la fiscalité au moment de la revente.
Cette évolution risque de freiner l’investissement locatif, dans un contexte où le marché immobilier fait déjà face à des tensions liées à la hausse des taux d’intérêt et aux restrictions d’accès au crédit.
Une hausse d’impôt malgré l’indexation pour certains contribuables
Même avec l’indexation du barème sur l’inflation, certains foyers verront leur impôt sur le revenu augmenter en 2025. Les salariés ayant bénéficié d’une augmentation supérieure à 1,8 % verront leur impôt progresser mécaniquement.
Un célibataire gagnant 2 060 euros par mois, soit une hausse de 3 % par rapport à 2024, paiera 55 euros de plus d’impôt en 2025. Un couple avec deux enfants et un revenu de 2 790 euros chacun subira une augmentation de 157 euros.
Ces exemples montrent que la réforme ne protège pas totalement les contribuables d’une hausse d’impôt, surtout pour ceux dont les revenus augmentent plus vite que l’inflation.
Un budget controversé mais validé
Ce budget 2025, bien que critiqué, devrait être définitivement adopté après le vote du Sénat ce 6 février. Le gouvernement défend une approche visant à préserver le pouvoir d’achat de la majorité des contribuables, tout en augmentant la contribution des hauts revenus et en limitant les avantages fiscaux liés à l’immobilier.
Cette réforme s’inscrit dans un contexte où les dépenses publiques restent élevées, et où la question du partage de l’effort fiscal continue d’être au cœur du débat politique. Si certains ménages bénéficieront d’un allègement d’impôt, d’autres devront composer avec une fiscalité plus lourde, confirmant ainsi que le budget 2025 ne profite pas à tout le monde de la même manière.