Les marchés financiers n’ont pas tardé à réagir à la décision du président Emmanuel Macron de dissoudre l’assemblée suite à la victoire du Rassemblement national aux dernières élections européennes. Premier à être touché, le taux d’emprunt d’État à 10 ans repart à la hausse. Une donne qui inquiète les banques qui redoutent une hausse des taux de crédit pouvant impacter le marché de l'immobilier.
Toutefois, les experts temporisent avant de tirer les conclusions sur l'impact de cette soudaine instabilité politique sur le marché de l'immobilier. La décision d'Emmanuel Macron d’organiser des élections législatives anticipées bouscule le climat de confiance qui s'est installé dans les marchés financiers depuis l'annonce, par la Banque centrale européenne (BCE), de la baisse de ses taux. La première réaction est déjà visible sur les taux d’emprunt d’État à 10 ans qui enregistrent une hausse subite de 3,30 %, soit 20 à 30 points de base de plus.
Quel risque sur le crédit immobilier ?
Dépendant directement des taux de crédit appliqués par les banques, les taux de crédit immobiliers risquent de suivre la tendance à la hausse induite par la situation politique actuelle sur les obligations assimilables du trésor (OAT) à 10 ans. Le risque est d’autant plus plausible pour les marchés financiers qui n’ont pas anticipé les résultats de ces élections législatives anticipées.
L’incertitude politique actuelle, faite d’absence de nouvelles orientations politiques, pourrait induire une tendance à l’attentisme sur le marché immobilier qui freinerait les projets en cours des emprunteurs particuliers. « La politique du logement est orpheline et ce n'est pas une bonne chose, des textes étaient à l'étude et la mobilisation des professionnels était forte », explique au journal Les Echos Cécile Roquelaure, directrice des études à Empruntis et spécialiste de courtage en crédits et en assurance de prêt.
Pour sa part, l'agence de notation Moody's évoque l’éventualité d’une multiplication des motions de censure sur les projets de lois et des réformes engagées lors de la prochaine mandature, du fait de la possible absence d’une majorité absolue. Ce qui amplifie le « risque d'instabilité politique, d'autant que l'Assemblée nationale ne peut pas être dissoute dans sa première année », ajoute l'agence de notation qui a alerté sur la possibilité de dégrader la note de la France suite à la dissolution.
Cependant, malgré cette réaction des marchés financiers, les banques continuent de baisser leurs taux pour relancer leur activité et prospecter de nouveaux emprunteurs. Ce qui fait que la hausse des taux de crédit peuvent ne pas avoir lieu. L'espoir que les banques continueront de baisser leur taux de crédit aux ménages durant les prochains mois de l'année 2024 demeure.