Le volume de crédits immobiliers octroyés par les banques a diminué au cours de l'année passée. Cependant, cette réduction n'a pas entraîné de baisse des prix de l'immobilier. Cette conjoncture met davantage sous pression de nombreux Français déjà impactés par l'inflation, éloignant ainsi davantage leur rêve d'accéder à la propriété.
41 % de crédits accordés en moins en une année
L'accès à la propriété est un objectif qui semble de plus en plus lointain pour les Français. Le nombre de crédits accordés par les établissements bancaires a atteint un niveau historiquement bas. Selon les données de la Banque de France, leur montant total était de 11,1 milliards d’euros en juin, contre 19 milliards un an plus tôt, soit un recul de 41 % sur une année.
L'Observatoire crédit/logement CSA utilise une méthode de calcul différente. Il estime que la production, comme l’octroi de prêts, a chuté de moitié. « La production de mai à juillet par rapport à la même période de 2022 a chuté de 51,5 % et le nombre de prêts de 50,5 % », souligne Michel Mouillart, professeur d’économie et porte-parole de l’observatoire.
La mauvaise conjoncture économique, conjuguée à l'inflation et à des taux d'intérêt élevés (de l'ordre de 4% d'ici la rentrée), contraint de nombreux Français à reporter leurs projets immobiliers. Si des remèdes sont apportés afin d'endiguer le phénomène, comme la mensualisation du taux d'usure ou l'assouplissement des quotas, ils ne semblent pas produire d'effets majeurs à ce jour.
La fin de l'âge d'or du crédit immobilier ?
Cette chute du nombre de crédits immobiliers accordés est-elle conjoncturelle ou s'inscrit-elle dans une tendance plus profonde ? Pour Michel Mouillart, c'est le marché actuel de l'immobilier « pas loin de la panne » qui est en cause. « Nous n’avons jamais atteint un seuil aussi bas hormis en 2020, pendant la période du Covid où les banques ont fermé leurs portes et en 2008-2009 pendant la crise des subprimes, deux cas à prendre avec des pincettes, car nous étions hors d’une activité de marché habituelle », explique-t-il.
Pour leur part, les prix de l'immobilier continuent de grimper. « Pour contrebalancer la montée des taux d’intérêt de 1 % à 4 % et maintenir le pouvoir d’achat, il aurait fallu que les prix baissent de 25 % », rappelle Maël Bernier, porte-parole du courtier Meilleurtaux. Or, si l'on exclut certaines grandes villes, à l'instar de Paris, où les prix pourraient connaître une chute de l'ordre de 5 % l'an prochain, les prix continuent de grimper sur l'ensemble du territoire français.
Le baromètre Guy Hoquet, qui rassemble une quinzaine de portails immobiliers, décrit une hausse de « + 4,5 % sur un an entre janvier et juillet en partie à cause des hausses enregistrées dans l’ouest du pays et en Méditerranée ». Une lueur d'espoir subsiste, cependant, pour les Français qui aspirent à devenir propriétaires. Certains grands établissements bancaires feront leur retour sur le marché du crédit immobilier à la rentrée, alors qu'ils s'en étaient tenus éloignés en raison de marges insuffisantes. Une donnée qui pourrait bien permettre une reprise du marché de l'immobilier en France.