Immigration : plus d’expulsions et moins de régularisations en 2024

La gestion de l’immigration en France a connu des ajustements significatifs en 2024. Tandis que les expulsions ont fortement augmenté, les régularisations ont reculé pour la première fois depuis 2020. Ce bilan annuel publié par le ministère de l’Intérieur reflète les nouvelles orientations des autorités en matière de politique migratoire.

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Bruno Retailleau, ministre français de l'Intérieur pour évoquer la question de l'immigration
Immigration : plus d’expulsions et moins de régularisations en 2024 | Econostrum.info

En 2024, la politique migratoire française a pris un tournant marqué par une hausse des expulsions et une baisse des régularisations. Le ministère de l’Intérieur a annoncé 21 601 reconduites à la frontière, soit +26,7 % par rapport à l’année précédente. En parallèle, 31 250 sans-papiers ont été régularisés, un chiffre en recul de 10 %. Ces évolutions s’inscrivent dans un contexte de durcissement des conditions d’accueil et de traitement des dossiers, notamment sous l’impulsion du ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau.

Dans le détail, selon les chiffres officiels, 21 601 étrangers en situation irrégulière ont été expulsés en 2024, soit une hausse de 26,7 % par rapport à l’année précédente. Parmi ces expulsions, 12 856 ont été effectuées sous la forme d’éloignements forcés, une augmentation de 9,7 %. Cette tendance témoigne de la volonté du gouvernement d’accélérer les reconduites à la frontière, un axe central des politiques menées par le ministre de l’Intérieur.

Ce durcissement s’explique notamment par un renforcement des contrôles et une volonté politique de réduire le nombre d’étrangers en situation irrégulière sur le territoire. Les pays du Maghreb restent les principales zones concernées par ces expulsions.

Un ralentissement des régularisations pour les étrangers issus de l’immigration

En parallèle, les régularisations ont chuté de 10 % en 2024, marquant un changement de tendance après plusieurs années de hausse. Au total, 31 250 personnes sans-papiers ont obtenu un titre de séjour par admission exceptionnelle, un dispositif assoupli sous la circulaire Valls, mais récemment durci.

Les travailleurs sans-papiers représentent 10 330 régularisations (-10 %), tandis que les régularisations pour motifs familiaux concernent 20 090 personnes (-9 %). Ce recul traduit une volonté de limiter l’accès aux titres de séjour, en restreignant les critères d’éligibilité.

L’octroi des titres de séjour en hausse malgré la baisse des régulations

Si les régularisations sont en baisse, la France a néanmoins délivré 336 700 premiers titres de séjour en 2024, une légère hausse de 1,8 % par rapport à 2023. Toutefois, cette progression est inférieure à celle des années précédentes.

Les titres étudiants représentent la première catégorie de délivrance avec 109 300 nouveaux permis, soit un tiers du total. Viennent ensuite les titres pour motifs familiaux (90 600), puis les motifs économiques (55 600). À noter que les demandes pour motifs humanitaires ont connu une hausse significative de 13,5 %, atteignant environ 55 000 délivrances.

Les demandes d’asile en baisse

Autre fait marquant, la demande d’asile a reculé de 5,5 % en 2024, avec 157 947 dossiers déposés, comme le rapporte Le Monde. Cette diminution s’explique principalement par une baisse de 45 % des demandes Dublin, qui concernent les demandeurs ayant déjà transité par un autre pays européen.

Malgré ce recul, certains profils de demandeurs d’asile connaissent une évolution notable. Pour la première fois, l’Ukraine supplante l’Afghanistan comme première nationalité des demandeurs, avec 13 350 dossiers déposés, soit une multiplication par quatre en un an.

Vers un durcissement durable de la politique migratoire ?

Les chiffres de 2024 confirment un durcissement des politiques migratoires françaises, avec plus d’expulsions et moins de régularisations. Cette tendance pourrait se poursuivre en 2025, sous l’effet de nouvelles réformes et d’une politique de contrôle plus stricte.

Alors que l’immigration reste un sujet de débat majeur en France, ces évolutions reflètent la volonté du gouvernement de renforcer le contrôle des flux migratoires, tout en ajustant les dispositifs d’accueil en fonction des priorités nationales.

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