Plusieurs préoccupations européennes étaient au menu du discours tenu, jeudi à la Sorbonne, par Emmanuel Macron. Le président français s’est exprimé sur de nombreux sujets relatifs notamment à l’avenir de l’Union européenne, la menace russe, l’émigration, l’IVG, finances et transition écologique.
Pessimiste quant à l’avenir de l’Union, le président français a plaidé pour un nouveau souffle qu’il faudra donner à l’Europe parce qu’avertit-il, « notre Europe est mortelle, elle peut mourir ». « Notre modèle économique n'est plus soutenable », a soutenu Emmanuel Macron pour expliquer l’incapacité de l’Union européenne à rivaliser avec les autres puissances mondiales, telles que la Chine et les États-Unis. Malgré les quelques avancées réalisées, l’Europe n’est pas hors du danger. Elle est fragile et le « risque est immense d'être fragilisé, voire relégué, à l'horizon de la prochaine décennie », indique-t-il.
Les quelques progrès réalisés, dont notamment « l'unité financière pour sortir de la pandémie » et « l'unité stratégique sur la santé » qui a permis la production de vaccin, ne semblent pas le convaincre. Bien au contraire, Macron va jusqu’à proposer la mise en place d’un nouveau modèle économique, afin d’être plus concurrentiel.
Au sujet des finances, Emmanuel Macron a plaidé pour un « choc d'investissements commun » et « un vrai marché de l'épargne et de l'investissement ». Le chef de l’État déplore toutefois que l’épargne n’aille pas dans les bons investissements parce qu’estime-t-il, « on ne va pas assez sur le risque ». À ce même sujet, Macron n’a non plus hésité à critiquer le rejet par le Sénat du traité de libre-échange entre le Canada et l'UE.
Immigration et menace russe
La guerre en Ukraine a logiquement été au centre des préoccupations d’Emmanuel Macron qui a plaidé pour « une défense crédible du continent européen » face un voisin russe qu’il qualifie d’« agressif ». La guerre en Ukraine est une menace qui plaide, selon lui, pour un changement d’orientation en matière d’armement afin de marquer, explique-t-il, « une préférence européenne dans l'achat de matériel militaire" via notamment « un emprunt européen pour financer cet effort de défense ».
Parallèlement à la guerre en Ukraine, sur le côté Est, l’immigration sur le flanc Sud n’est pas pour rassurer le président français qui a d’ailleurs longuement abordé ce sujet dans son discours. Plaidant pour une « Europe puissante » à même de « protéger ses frontières », Emmanuel Macron n’a pas manqué de relever « l’inefficacité des politiques de retours appliquées par la France et l’Union européennes ».
Droit à l’IVG et Europe de la majorité numérique
D’autres questions d’intérêt européen étaient également au menu du discours d’Emmanuel Macron. Les prochaines élections européennes devront, d’ailleurs, être l’occasion pour l’émergence de listes communes plutôt au lieu des listes nationales pour, affirme-t-il, « porter ce combat de la démocratie libérale sur le sol européen ». Toujours au chapitre des principes humanistes européens, le chef de l’État a vivement plaidé pour l’inscription du « droit à l'IVG dans la Charte des droits fondamentaux de l'UE », parce qu’être Européen, estime-t-il, « ce n'est pas seulement habiter une terre (…) c'est défendre une certaine idée de l'homme qui place l'individu libre, rationnel et éclairé au-dessus de tout ».
Enfin, l'Erasmus de l'apprentissage, la « création d'alliances de musées européens » et l’accès des enfants à l’écran ont été également évoqués par Emmanuel Macron qui a plaidé pour une « Europe de la majorité numérique à 15 ans ». Arte devrait être, dans ce sillage, « la plateforme européenne audiovisuelle de référence », ajoute-t-il à ce sujet.