Selon le ministère français de l'Économie, le nombre d'arrêts maladie déposés par les salariés a connu une hausse significative de 30 % au cours des dix dernières années. Un chiffre qui inquiète le gouvernement qui y voit un usage abusif d'arrêts de maladie par les médecins. Dans ce cadre, une opération de remise à l'ordre visant les praticiens « surprescripteurs » vient d'être lancée. Les syndicats dénoncent une campagne d'« intimidation ».
Arrêts maladie en hausse : 2% des médecins dans le collimateur
En 2022, le nombre d'arrêts maladie en France représentait 8,8 millions, contre 6,4 millions en 2012, soit 2,2 millions de plus en 10 ans. Bien que la crise sanitaire du Covid-19 puisse expliquer cette hausse, l'État pointe du doigt les « gros prescripteurs ». Pour mettre un terme à ce qu'elle appelle « les arrêts maladie de complaisance », l'Assurance maladie compte transmettre des courriers d'avertissement aux praticiens suspectés. Ces derniers représenteraient, selon elle, 2% sur un millier de médecins. Selon le directeur de l'Assurance maladie, les praticiens ciblés ont tendance à prescrire des arrêts de travail jusqu'à 4 fois plus fréquemment que la moyenne observée sur le territoire national.
Chasse aux arrêts maladies de complaisance : la Cnam place des milliers de médecins sous surveillancehttps://t.co/4HwIMMEe4z
— franceinfo (@franceinfo) June 20, 2023
Dans cette lancée, l'Assurance maladie envisage d'effectuer des visites au niveau des cabinets des médecins concernés pour une mise à jour des dispositions réglementaires régissant les arrêts de travail. De même, plus de 5 000 d'entre eux sont invités au niveau de l'institution pour « revoir » et « corriger » leur mode de prescription.
Les syndicats dénoncent une campagne « intimidante »
Ce rappel à l'ordre attise la colère des syndicats, notamment de MG France. Selon eux, cette campagne n'est rien d'autre que de l'« intimidation » à l'encontre des médecins. Ils suggèrent à l'État de contrôler d'abord les entreprises qui affichent, selon eux, de grands nombres d'arrêts maladie, avant de s'intéresser aux médecins. D'autre part, l'État espère par cette mesure réaliser des économies conséquentes. En effet, le ministre de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire, projette de récupérer plus de 10 milliards d'euros d'argent public.