Alors que les tensions commerciales reprennent entre les États-Unis et l’Europe, le secteur automobile se retrouve une fois de plus en première ligne. Washington a décidé d’augmenter fortement les taxes sur les voitures produites à l’étranger. Une décision qui suscite des interrogations sur ses répercussions concrètes pour les constructeurs français.
À partir du 2 avril 2025, tous les véhicules étrangers entrant sur le marché américain seront soumis à une surtaxe douanière de 25 %. Cette mesure, annoncée par Donald Trump, entend protéger la production locale et réduire le déficit commercial des États-Unis. Si elle touche l’ensemble des exportateurs, elle vise particulièrement les constructeurs européens, perçus comme peu compétitifs sur le sol américain. À l’inverse, des groupes comme Tesla, qui produisent localement, sont épargnés. Le message est clair : relocaliser ou perdre des parts de marché.
Une menace directe pour les marques allemandes
Les plus exposés à cette nouvelle politique sont les groupes automobiles allemands. En 2024, les États-Unis représentaient plus de 13 % des exportations du secteur automobile outre-Rhin. Volkswagen, par exemple, envoie chaque année quelque 160 000 véhicules produits en Europe vers le marché américain. Porsche, Mercedes ou encore BMW réalisent d’importants volumes de ventes aux États-Unis, et pourraient voir leurs marges sévèrement amputées. Certains analystes évoquent une baisse potentielle de 25 % des bénéfices pour certaines marques. Les effets ne se sont pas fait attendre en Bourse, où les titres de ces constructeurs ont reculé de 4 à 5 %, rapporte nos confrères de Capital.
Des répercussions indirectes sur le secteur automobile en France
La France reste relativement peu exposée en matière d’exportations automobiles directes vers les États-Unis. Renault n’y est quasiment pas présent, tandis que Peugeot et Citroën ne disposent que d’une présence limitée. Néanmoins, le groupe Stellantis, qui regroupe plusieurs marques françaises, pourrait être concerné. Il exporte environ 50 000 véhicules par an depuis l’Europe, notamment via les modèles Jeep Renegade et Compass. Par ailleurs, l’industrie française fournit de nombreuses pièces détachées aux constructeurs allemands. Les équipementiers comme Valeo, Faurecia ou Plastic Omnium pourraient donc être impactés par ricochet, en raison des perturbations des chaînes d’approvisionnement.
Une réaction attendue de la part de l’Union européenne
Bruxelles a rapidement réagi en évoquant la possibilité de mesures de rétorsion commerciales. L’Union européenne devrait entrer en négociation pour tenter de préserver ses intérêts, mais le rapport de force s’annonce complexe. En attendant, les industriels français doivent évaluer les risques, notamment en matière de contrats d’exportation et de dépendance à certains marchés. Des ajustements stratégiques seront sans doute nécessaires, à la fois pour limiter l’exposition aux fluctuations politiques et pour sécuriser l’accès à des marchés alternatifs.
Cette décision américaine intervient dans un contexte déjà tendu pour le secteur automobile, entre transition énergétique, inflation des matières premières et nouvelles normes environnementales. L’instauration de droits de douane plus élevés sur les véhicules européens constitue un obstacle supplémentaire à la stabilité économique du secteur. À défaut d’un apaisement rapide, les prochains mois pourraient être marqués par de nouvelles tensions commerciales, affectant durablement l’équilibre des échanges entre les deux continents.