Pour la première fois, le secteur du jeu vidéo en France est paralysé par une grève d’ampleur nationale. Initiée par le STJV, cette mobilisation vise à dénoncer les licenciements massifs et la détérioration des conditions de travail dans un secteur en crise. Face à une industrie qui engrange des milliards, les salariés réclament une revalorisation de leurs droits et de leurs salaires.
Le Syndicat des Travailleurs du Jeu Vidéo (STJV) a lancé un appel à la grève nationale pour dénoncer les licenciements massifs et les conditions de travail jugées intenables dans le secteur. Des rassemblements ont été organisés dans neuf grandes villes, dont Paris, Lyon, Bordeaux et Montpellier.
Le mouvement revendique en priorité le maintien des emplois et la fin des vagues de licenciements qui ont marqué les derniers mois. Les salariés dénoncent également un manque de transparence des directions, une pression constante sur les équipes et des salaires inférieurs à la moyenne nationale malgré un niveau d’études élevé.
Selon Vincent Cambedouzou, délégué syndical du STJV chez Ubisoft Paris, les travailleurs du jeu vidéo sont pris dans un cercle vicieux. Beaucoup, animés par la passion, acceptent des conditions de travail dégradées. Mais cette situation entraîne une usure rapide et pousse de nombreux talents à quitter l’industrie après quelques années seulement.
Un secteur en crise malgré des profits records
Le secteur du jeu vidéo a connu une période de forte croissance pendant la pandémie, avec une hausse de 11,3 % du chiffre d’affaires en 2020, rappelle RadioFrance. Cependant, depuis la fin des confinements, l’industrie traverse un reflux économique important. En 2024, près de 15 000 suppressions de postes ont été enregistrées dans le monde, un record.
En France, Ubisoft, un des plus grands studios du pays, a fermé plusieurs antennes et procédé à des centaines de licenciements. D’autres studios, comme Don’t Nod, ont aussi été touchés. Ces restructurations brutales ont provoqué un climat de défiance entre les employés et leurs directions.
Les travailleurs dénoncent une gestion court-termiste des entreprises, qui privilégient les actionnaires au détriment des salariés. Dans ce contexte, la grève du 13 février 2025 apparaît comme une réaction à des années de précarisation.
Une prise de conscience syndicale dans un milieu longtemps silencieux
Jusqu’à récemment, le jeu vidéo était un secteur peu syndiqué. La culture du « métier passion », où les employés acceptent de longues heures et une charge de travail élevée sans contestation, a longtemps dominé.
Mais les conditions de travail se sont tellement dégradées que la prise de conscience s’accélère. Le STJV, créé en 2017, a progressivement gagné du terrain. Aujourd’hui, le jeu vidéo est l’un des secteurs les plus syndiqués de l’industrie culturelle.
Cette mobilisation historique montre que les travailleurs commencent à revendiquer leurs droits, et que la situation pourrait évoluer dans les prochaines années.
Quel avenir pour l’industrie du jeu vidéo en France ?
Les revendications des grévistes posent la question de l’avenir du secteur en France. Si les entreprises ne réagissent pas, elles risquent de voir fuir leurs talents vers d’autres industries ou vers l’étranger.
Le STJV espère que cette grève servira de signal d’alarme pour les directions. Un dialogue social plus structuré, avec de meilleures conditions de travail et des salaires revalorisés, pourrait être une solution pour éviter de nouvelles crises.
L’industrie du jeu vidéo française, longtemps admirée pour sa créativité et son dynamisme, traverse une zone de turbulence. Cette première grève nationale pourrait bien marquer un tournant dans son histoire.