GNL russe : la France numéro 1 des importations en Europe

Alors que l’Union européenne cherche à réduire sa dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie, les importations de gaz naturel liquéfié (GNL) russe continuent d’augmenter. La France joue un rôle central dans cet approvisionnement, avec plusieurs terminaux de regazéification utilisés pour redistribuer le gaz vers d’autres pays européens. Cette situation soulève des interrogations sur la cohérence des politiques énergétiques européennes et sur la capacité de l’UE à atteindre son objectif de sortie du gaz russe d’ici 2027.

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Illustration du GNL avec un pipeline reliant la France et la Russie, symbolisant les importations de gaz malgré les tensions géopolitiques.
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Malgré les sanctions économiques imposées à la Russie, les importations européennes de GNL russe ont progressé en 2024, alors même que la consommation globale de gaz en Europe est en recul. La France est particulièrement impliquée dans ces flux, jouant un rôle de plateforme d’entrée et de redistribution vers d’autres pays européens.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, l’Union européenne a cherché à réduire sa consommation de gaz russe, notamment en mettant fin à une grande partie des importations via gazoducs. Pourtant, selon l’Institute for Energy Economics and Financial Analysis (IEEFA), les importations de GNL russe ont augmenté de 18 % en 2024, atteignant un montant estimé à 6,3 milliards d’euros.

La France, l’Espagne et la Belgique représentent 85 % des importations européennes de GNL russe. La France se distingue particulièrement, grâce à ses cinq terminaux de regazéification, qui permettent de décharger le gaz liquide arrivé par bateau et de l’injecter ensuite dans le réseau européen. En 2024, le terminal de Dunkerque a, à lui seul, accueilli 27 % des importations européennes de GNL russe.

Un paradoxe dans la transition énergétique européenne

Cette augmentation des importations de GNL russe intervient alors que l’Europe tente de réduire sa dépendance aux énergies fossiles. En 2024, la consommation de gaz en Europe a atteint son niveau le plus bas depuis 11 ans, notamment grâce à la montée en puissance des énergies renouvelables et aux efforts d’efficacité énergétique. Le Royaume-Uni, la Belgique et l’Espagne ont ainsi réduit leurs importations de GNL de manière significative, respectivement de 47 %, 29 % et 28 %.

Dans ce contexte, l’accroissement des achats de GNL russe par certains pays, notamment la France, semble aller à contre-courant des objectifs affichés par la Commission européenne, indique Mediapart. Un tiers de ces importations repose sur des transactions ponctuelles, qui ne sont pas couvertes par des contrats à long terme, ce qui complique leur suppression immédiate.

La France, plaque tournante du marché du GNL

Si la France joue un rôle clé dans les importations de GNL russe, c’est en grande partie en raison de sa capacité d’importation et de regazéification. Avant 2022, l’Allemagne ne disposait d’aucun terminal méthanier, ce qui la rendait totalement dépendante des gazoducs. En réponse à la crise énergétique, plusieurs infrastructures ont été construites, mais la capacité d’importation allemande reste encore deux fois inférieure à celle de la France.

En parallèle, la France a vu sa propre consommation de gaz reculer de 20 % depuis 2022. Mais cette baisse ralentit en 2024, notamment en raison de l’abandon progressif de certaines mesures d’efficacité énergétique, comme l’isolation des bâtiments pour limiter la consommation de gaz en hiver.

Un avenir incertain pour les importations de GNL russe

L’Union européenne s’est fixé comme objectif de cesser complètement ses importations de gaz russe d’ici 2027, mais cet engagement semble difficile à tenir. La fin annoncée du transit de gaz russe via l’Ukraine en 2025 pourrait accentuer la pression sur le marché, obligeant certains pays à compenser ce manque par davantage d’importations de GNL.

Face à cette situation, plusieurs analystes recommandent de prioriser la suppression des importations ponctuelles de GNL russe et d’accélérer le développement des capacités de production alternatives, notamment en matière d’énergies renouvelables. En attendant, la France reste au cœur de la chaîne d’approvisionnement énergétique européenne, malgré les contradictions que cela implique pour la politique énergétique de l’UE.

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