À partir de 2025, 25 millions de Français seront équipés de poubelles connectées munies de puces RFID. Ce dispositif, prévu par la loi de Transition énergétique pour la croissance verte de 2015, vise à inciter les ménages à réduire leurs déchets grâce à une tarification basée sur leur fréquence de collecte. Décryptage d’une réforme qui redéfinit la gestion des ordures ménagères.
Ces poubelles connectées sont équipées d’un capteur électronique qui enregistre chaque collecte effectuée. Lors du passage des camions de ramassage, la puce est scannée, permettant ainsi de comptabiliser le nombre de levées effectuées. Ce système est directement lié à une tarification incitative, où plus un foyer produit de déchets, plus il paie.
Actuellement, la majorité des ménages français paie une taxe forfaitaire pour l’enlèvement des ordures (TEOM ou REOM). Avec ce nouveau système, cette taxe comportera une part variable, dépendant de la fréquence des collectes ou du volume des déchets. Par exemple, au-delà de 18 collectes annuelles (soit environ une collecte toutes les trois semaines), les foyers devront s’acquitter de frais supplémentaires : 1,20 € par levée pour un bac individuel de 120 litres, et le double pour une poubelle familiale de 240 litres.
Une réduction des déchets déjà constatée grâce à ces poubelles
Les résultats des premières expérimentations sont encourageants. Dans les communes où la tarification incitative a été mise en place, la production de déchets a baissé de 30 %, notamment grâce à une optimisation des collectes et une meilleure prise en compte du tri sélectif. Dans certains cas, des sacs poubelles transparents ont également été introduits pour garantir un tri efficace et permettre aux agents de vérifier le contenu des déchets.
Si cette réforme vise avant tout à réduire l’impact environnemental des déchets, elle impose également un changement dans les habitudes des foyers. Limiter les collectes à 18 par an, par exemple, nécessite une gestion rigoureuse des ordures. Les déchets recyclables doivent être systématiquement triés (papier, verre, emballages), et les biodéchets peuvent être compostés pour éviter qu’ils n’encombrent les bacs classiques. Depuis le 1ᵉʳ janvier 2024, les collectivités sont tenues de proposer des solutions de compostage, telles que des bornes collectives ou des composteurs individuels.
Une réforme entre écologie et économie
En 2021, la gestion des déchets a coûté près de 19,6 milliards d’euros à la France. Avec cette réforme, l’objectif est double : réduire les déchets et maîtriser les coûts. Cependant, le succès de cette initiative repose sur l’adhésion des citoyens. Bien que la part fixe de la taxe d’enlèvement soit revue à la baisse, les ménages risquent de voir leur facture grimper s’ils ne modifient pas leurs habitudes.
Ainsi, l’arrivée des poubelles à puce marque une étape importante dans la transition écologique, mais elle invite aussi à une réflexion sur notre manière de consommer et de gérer nos déchets. Une démarche qui, si elle est bien suivie, pourrait conjuguer économies et respect de l’environnement.