La précarité étudiante est une problématique grandissante en France, particulièrement mise en lumière ces dernières années. Afin de lutter contre ce fléau, l’Assemblée nationale a adopté une proposition de loi visant à rendre les repas à 1 euro accessibles à tous les étudiants. Bien que ce texte soit une avancée notable, son adoption définitive par le Sénat reste incertaine, laissant planer le doute sur sa mise en œuvre.
Le dispositif des repas à 1 euro a été introduit en 2020, en plein cœur de la crise sanitaire. Initialement destiné aux étudiants boursiers pour contrer la précarité accrue par la pandémie, il a temporairement été élargi à tous les étudiants entre janvier et août 2021, avant d’être restreint à nouveau. Actuellement, seuls les bénéficiaires de bourses sur critères sociaux et les étudiants en grande précarité, sur justificatifs, peuvent en profiter. Pour les autres, le coût d’un repas dans un restaurant universitaire est fixé à 3,30 euros.
En 2023-2024, plus de 500 000 étudiants ont bénéficié de ce tarif réduit, soit environ la moitié des boursiers, selon le ministère de l’Enseignement supérieur. Cela a permis la distribution de 23,8 millions de repas, une hausse significative de 23,4 % par rapport à l’année précédente.
Une précarité alimentaire alarmante chez les étudiants
Selon une enquête Ifop menée en octobre 2024, 36 % des étudiants sautent régulièrement des repas, faute de moyens financiers suffisants. Une situation qui alerte la députée Fatiha Keloua Hachi, à l’origine de la proposition de loi, qui déclare : « Les étudiants ont faim ». Estimée à 90 millions d’euros par an, la mesure vise à répondre à cette précarité croissante en rendant les repas à 1 euro accessibles à l’ensemble des 3 millions d’étudiants français.
Une adoption encore incertaine
Si la proposition de loi a été votée à une large majorité à l’Assemblée nationale, grâce au soutien de la gauche, du Rassemblement national (RN) et des centristes de LIOT, elle doit encore passer l’étape du Sénat, où les Républicains et le centre sont majoritaires. Plusieurs élus, comme Laurent Croizier du groupe Les Démocrates, doutent de l’approbation de cette mesure en l’état, relaye LCP. Des amendements pourraient être proposés, conditionnant l’accès au repas à 1 euro à des engagements, comme du bénévolat auprès du Crous.
Si elle venait à être adoptée, la généralisation des repas à 1 euro pourrait représenter un changement significatif pour des milliers d’étudiants, leur garantissant un accès à une alimentation saine et abordable. Toutefois, ce texte repose sur des arbitrages politiques sensibles et une prise en compte des contraintes budgétaires. Dans un contexte où la précarité étudiante ne cesse de croître, l’enjeu est de taille pour répondre à une urgence sociale évidente.