Le projet de budget 2026, présenté par le gouvernement mardi 14 octobre, prévoit un gel des aides personnalisées au logement (APL) pour tous les bénéficiaires et une suppression totale pour les étudiants étrangers non boursiers hors Union européenne. Cette décision, qui s’inscrit dans le cadre de l’« année blanche » déjà évoquée cet été, soulève de vives inquiétudes parmi les associations et syndicats étudiantiels.
Selon Manuel Domergue, directeur des études de la Fondation pour le logement des défavorisés, cette mesure est « très pénalisante » et risque de toucher particulièrement les personnes les plus fragiles. L’inflation de 1,2 % observée en septembre limite quelque peu l’impact du gel, mais elle vient s’ajouter à plusieurs autres gels et réductions de prestations sociales décidés ces dernières années.
Le projet de loi de finances prévoit que maintenir les APL à leur niveau de 2025 permettrait à l’État de réaliser une économie de 108 millions d’euros en 2026, dont 54 millions résultant de l’absence de revalorisation. En revanche, aucune estimation n’a été fournie concernant l’économie générée par la suppression des aides pour les étudiants étrangers non-ressortissants de l’UE, de l’Espace économique européen ou de la Suisse et non-boursiers.
Pour ces étudiants, ces aides sont souvent vitales. « Retirer les APL pour les étudiants extracommunautaires non boursiers, c’est presque les exclure de notre système universitaire », déclare Suzanne Nijdam, présidente de l’association Fage, à l’AFP. Selon elle, cette décision pourrait entraîner des milliers de situations dramatiques, touchant des jeunes déjà confrontés à une grande précarité.
Une précarité étudiante exacerbée
Léa Jules-Clément, co-secrétaire générale de l’Union étudiante, rappelle que ces aides sont essentielles pour des étudiants qui doivent souvent payer des frais d’inscription plus élevés et n’ont pas accès aux bourses du Crous. Le calcul approximatif montre qu’en refusant entre 100 et 150 euros par mois à près de 300 000 à 310 000 étudiants, l’État pourrait réaliser une économie d’environ 400 millions d’euros.
Ce gel et cette suppression s’ajoutent à la baisse globale des crédits alloués à l’aide à l’accès au logement, qui passeront de 16,7 à 16,1 milliards d’euros en 2026, soit une réduction de 600 millions d’euros par rapport à 2025. Pour les étudiants étrangers, déjà marginalisés dans le système de bourses françaises, cette mesure pourrait représenter un obstacle quasi insurmontable à la poursuite de leurs études en France.
Les répercussions du gel de l’APL sur les plus vulnérables
Le projet de budget ne touche pas seulement les étudiants étrangers. Pensions de retraite, allocations familiales et autres prestations sociales ne seront pas revalorisées, accentuant une tendance de longue date à limiter le soutien aux plus modestes. Les associations alertent sur le cumul de ces décisions, qui pourrait creuser davantage les inégalités et fragiliser des milliers de foyers déjà en difficulté.
Pour Manuel Domergue, « l’effet combiné de ces gels est inquiétant, surtout dans un contexte où le coût de la vie continue d’augmenter ». La Fondation pour le logement des défavorisés souligne que la stabilité des aides est cruciale pour éviter une précarisation accrue des ménages les plus fragiles, y compris parmi les étudiants internationaux.








