Malgré les baisses récentes des prix du gaz, vous risquez de payer votre consommation de gaz de plus en plus cher au fil des années. Cela est dû à la transition énergétique et à l'emballement tarifaire lié à la baisse du nombre de consommateurs. Même avec une baisse des prix du marché, les coûts fixes pour l’entretien du réseau gazier augmentent, ce qui impacte directement les factures des usagers restants.
Depuis plusieurs années, la consommation de gaz naturel en France diminue progressivement, notamment avec l’abandon des chaudières à gaz au profit des pompes à chaleur électriques. Bien que cette évolution soit bénéfique pour le climat, elle entraîne une hausse mécanique du tarif du gaz. En effet, le réseau de distribution, principalement géré par GRDF, a des coûts fixes, peu influencés par la quantité de gaz consommée. Par conséquent, lorsque le nombre de consommateurs diminue, ces coûts doivent être répartis sur une base de clients plus réduite, entraînant une augmentation du tarif par consommateur.
Le phénomène de l’emballement tarifaire
Selon Selectra, entre 2022 et 2023, la consommation de gaz a chuté de 6,61 % en moyenne par an. Cette tendance devrait se poursuivre jusqu’en 2027, avec une diminution de la consommation et du nombre d’utilisateurs du réseau gazier. En pratique, cela signifie que les coûts fixes pour maintenir et développer le réseau gazier seront répartis sur un nombre toujours plus restreint de consommateurs, entraînant une augmentation mécanique des factures de gaz. Ce phénomène est décrit comme un emballement tarifaire, selon Maxence Cordiez, expert en énergie et climat.
Pour éviter un emballement des coûts, la Commission de régulation de l’énergie (CRE) recommande plusieurs mesures. L’une des solutions proposées consiste à inciter GRDF à mieux maîtriser ses coûts opérationnels, notamment en rationalisant certaines dépenses. La CRE préconise également des investissements ciblés pour sécuriser le réseau et favoriser l’injection de gaz renouvelable. L’idée est de réduire progressivement les coûts fixes sans sacrifier la qualité et la sécurité du réseau.
L’impact des baisses du prix du gaz
Malgré une baisse nette des prix du gaz sur les marchés ces derniers mois, les consommateurs risquent de ne pas voir d’impact significatif sur leurs factures. Selon les projections, le prix du gaz pourrait diminuer de 6,4 % dès mai 2025, avec une baisse de 24,3 % d’ici 2028. Cependant, la réduction des coûts fixes liée au réseau gazier est insuffisante pour compenser cette baisse, rendant la situation difficile pour les usagers restants.
Pour limiter l’impact de cette hausse, les pouvoirs publics devront prendre des décisions stratégiques et politiques. Maxence Cordiez souligne qu’une « décroissance raisonnée du réseau de gaz naturel » est nécessaire pour éviter une hausse incontrôlée des coûts pour les consommateurs. Le réseau gazier pourrait être réduit dans certaines zones, en particulier dans les régions où le réseau devient économiquement non viable. Cela permettrait de diminuer les coûts d’entretien tout en optimisant les investissements.
Les défis du remplacement des chaudières à gaz
Le gouvernement a pour objectif de remplacer entre 20 à 25 % des chaudières à gaz par des pompes à chaleur d’ici 2030. Bien que cela réduise la dépendance au gaz, ce processus nécessite des investissements importants et une augmentation des installations de pompes à chaleur dans les foyers. Cette transition, bien qu’essentielle pour atteindre les objectifs climatiques, implique des coûts d’installation non négligeables pour les ménages, en particulier dans les régions moins équipées.