Réunis en Inde, les ministres de l'Énergie des pays du G20 ne sont finalement pas parvenus à fixer un calendrier qui permettra de réduire progressivement le recours aux énergies fossiles. Pourtant, ils ont affiché une volonté d'accélérer la « sortie » des énergies fossiles.
En effet, alors que les températures mondiales atteignent des records, et que les inondations, incendies et vagues de chaleur se multiplient, les dirigeants du G20 sont engagés dans une impasse. Aucun planning n’a été mis en place pour diminuer le recours aux énergies fossiles, et l’Inde, qui préside le G20, a expliqué la raison de ce désaccord en indiquant que certains des membres veulent une « réduction des énergies fossiles +unabated+ » c'est-à-dire non adossées à des dispositifs de captage ou de stockage de carbone « conforme aux différentes circonstances nationales ».
D'un autre côté, d’autres membres du G20 « ont une opinion différente sur le fait que les technologies de captage et stockage de carbone répondent à ces besoins ». D’ailleurs, la déclaration finale publiée à la fin de la rencontre n’a même pas mentionné le charbon, qui est l’un des plus grands contributeurs au réchauffement climatique, mais qui est aussi l’une des principales sources d’énergie de l’Inde, le pays le plus peuplé au monde, et de la Chine, la deuxième économie mondiale.
Les négociations des pays du G20 se soldent par un échec
Une coalition de dix-huit pays, incluant la France et l'Allemagne, et dirigée par les Îles Marshall, a exigé récemment une « sortie urgente des énergies fossiles » et un « pic des gaz à effet de serre d'ici à 2025 », arguant que « l'humanité ne peut pas se permettre d'attendre ». Cette coalition appelle à une réduction de 43 % des émissions mondiales d'ici 2030 par rapport à 2019, afin de respecter la limite de 1,5 °C établie par les experts climatiques des Nations unies. Cependant, de nombreux pays en développement estiment que les nations riches, en tant que principaux pollueurs, doivent davantage financer la transition énergétique. C'est notamment le cas de l'Inde qui s'est fixée un objectif de zéro émission nette d'ici 2070, soit 20 ans plus tard que de nombreux autres pays.
En vue de la présidence de l'Inde au G20, un rapport a évalué le coût annuel de la transition énergétique à 4 000 milliards de dollars et a souligné l'importance d'un financement abordable pour les transferts de technologies et les nations en développement. Une demande que New Delhi formule de manière récurrente. Par ailleurs, certains grands producteurs de pétrole manifestent également leur réticence envers une sortie rapide des énergies fossiles. Ed King, membre du réseau de communication sur le climat GSCC, a particulièrement critiqué le manque de progrès dans les négociations de samedi, en ciblant spécifiquement la Russie et l'Arabie saoudite.
Sur Twitter, il a exprimé son regret quant à ces pays qui ont « entravé les efforts en vue d'un accord sur le triplement des énergies propres visant à réduire l'utilisation des énergies fossiles ». Sultan Al Jaber, PDG de la compagnie pétrolière des Émirats arabes unis, qui dirigera les négociations de la COP28, a affirmé que, malgré un rôle réduit, il s'attendait à ce que les combustibles fossiles continuent à être utilisés, avec l'assistance controversée de dispositifs de captage ou de stockage de carbone. Cependant, il a reconnu qu'une réduction de leur utilisation était « inévitable » et « essentielle », mais qu'il était réaliste de ne pas pouvoir s'en passer du jour au lendemain.