Un nouveau type de fraude à la rénovation énergétique cible les copropriétés. De faux contrôleurs prétendent être mandatés pour inspecter l’isolation des tuyaux de chauffage et d’eau chaude, dans le but d’inciter les copropriétaires à réaliser des travaux fictifs. Ces escrocs cherchent ainsi à récupérer les aides publiques des certificats d’économie d’énergie (CEE) sans effectuer la moindre intervention.
La technique utilisée par ces faux contrôleurs repose sur un scénario bien ficelé. Un individu se présente dans une copropriété en affirmant être envoyé par l’État pour contrôler le calorifugeage des installations. Il avance des arguments rassurants mais ne peut fournir aucune preuve officielle de sa mission.
C’est ce qu’a vécu Damien, membre du conseil syndical d’une copropriété en région parisienne dont le cas a été relayé par Capital. Un homme s’est présenté à son domicile, affirmant que le syndic avait été prévenu par mail de son intervention. Après vérification, Damien découvre que ce courrier électronique avait été envoyé la veille à 16h50, un délai inhabituellement court pour un contrôle officiel.
Le faux contrôleur exerce une pression sur la victime pour accepter la réalisation des travaux
Face à la méfiance de Damien, le faux contrôleur n’a pas renoncé et a tenté d’exercer une pression psychologique. Il a contacté un prétendu responsable qui, au téléphone, a adopté un ton agressif, insistant sur le caractère obligatoire du contrôle.
Heureusement, Damien n’a pas cédé et a sollicité l’aide du gardien de l’immeuble pour pousser l’escroc à quitter les lieux. Après enquête, il a appris que cet individu était un récidiviste, habitué à se faire passer pour un syndic afin d’accéder aux parties communes et tromper les copropriétaires.
Le préjudice de cette fraude peut atteindre des dizaines de milliers d’euros
Ce type d’arnaque peut avoir des conséquences financières lourdes. Selon Damien, un faux projet de calorifugeage aurait pu rapporter jusqu’à 80 000 euros aux escrocs. Danielle Dubrac, présidente de l’Unis (Union des Syndicats de l’Immobilier), alerte également sur ces pratiques. Elle explique auprès de Capital que certains prestataires peu scrupuleux parviennent à contacter les conseils syndicaux en court-circuitant le syndic, en passant notamment par les gardiens d’immeuble. Ils font ensuite miroiter des travaux gratuits, profitant de la complexité des dispositifs d’aides à la rénovation énergétique pour masquer leurs intentions frauduleuses.
Comment éviter de tomber dans le piège ?
Pour se prémunir contre ces faux contrôleurs et leurs fraudes, il est essentiel de respecter quelques règles de prudence. Avant d’autoriser une quelconque intervention, il faut exiger des documents officiels, vérifier l’identité de l’intervenant et contacter directement le syndic pour confirmer l’authenticité du contrôle.
Les copropriétés doivent également sensibiliser leurs résidents et leurs gardiens afin de ne pas faciliter l’accès aux parties communes à des inconnus. Enfin, en cas de doute, il est conseillé de signaler immédiatement la tentative de fraude aux autorités compétentes.