France Travail : vers une explosion des contrôles et des sanctions, les chômeurs sous pression

Avec la loi « plein emploi », les agents de France Travail mais aussi les demandeurs d’emplois se retrouvent sous pression, notamment à cause de l’augmentation des contrôles.

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France Travail : vers une explosion des contrôles et des sanctions, les chômeurs sous pression. Crédit : RSE Magazine | Econostrum.info

Depuis le 1ᵉʳ janvier 2025, la loi « plein emploi » est entrée en vigueur, inscrivant automatiquement 1,2 million de personnes à France Travail. Cette réforme vise à renforcer l’accompagnement des demandeurs d'emploi, mais elle s’accompagne aussi d’une forte augmentation des contrôles, suscitant des inquiétudes parmi les syndicats et les agents.

En effet, les agents de France Travail craignent une explosion de leur charge de travail. Actuellement, un conseiller doit traiter entre 8 et 10 dossiers par jour, un rythme jugé insoutenable, surtout avec la complexité croissante des dossiers. La mise en place d’une troisième équipe de contrôle, avec 13 agents supplémentaires, n’apaisera probablement pas les tensions.

Florence Lépine, conseillère à l'emploi et déléguée CGT, craint également une augmentation des conflits avec les usagers. « On va devoir récupérer les dossiers des personnes qu’on vient de sanctionner pour les remobiliser… alors qu’elles n’auront peut-être plus de quoi vivre », a-t-elle confié auprès de nos confrères de France 3 régions.

La montée des contrôles et des sanctions de France Travail

L’objectif principal de la loi « plein emploi » est de mieux coordonner les acteurs de l’insertion professionnelle. Cependant, l’augmentation du nombre d’inscrits a entraîné un doublement du volume des contrôles. En Normandie, le nombre de contrôles passera de 20 à 30 000 à 43 000 en 2025. Cette hausse s’explique en partie par une nouvelle procédure dite « flash », qui permet d’émettre des avertissements rapidement en cas de soupçons de manquements à la recherche d'emploi.

Les représentants syndicaux, notamment la CGT, redoutent que cette automatisation des contrôles mène à des décisions injustes. Yohann Bis, délégué CGT à France Travail, critique cette approche, soulignant que la grille d’évaluation utilisée ne prend pas toujours en compte les situations complexes des demandeurs d'emploi, comme des problèmes de santé ou de logement.

Des inquiétudes pour les plus précaires

Enfin, les syndicats dénoncent une déconnexion entre les exigences du système et la réalité du marché de l'emploi. Les contrôles cibleront en partie les secteurs en tension, mais la liste des métiers concernés n’a pas encore été communiquée. Par ailleurs, les conseillers doivent demander aux chômeurs de justifier entre 10 et 15 démarches dans les trois derniers mois, ce qui devient difficile dans des secteurs où l’offre d’emploi est inexistante.

Cette conditionnalité des aides, qui touche déjà le RSA et les allocations chômage, pourrait à terme s’étendre à d’autres prestations. Les syndicats pointent ainsi une réforme qui pourrait conduire à une machine administrative qui, selon eux, nuira surtout aux précaires, déjà les plus vulnérables dans ce système.

Le recours accru aux outils numériques, dont des algorithmes pour analyser les dossiers des demandeurs d'emploi, soulève également des préoccupations. Bien que les décisions soient encore prises par des conseillers, les syndicats craignent que la digitalisation progressive des contrôles mène à une automatisation complète.

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