Du temps de la colonisation, la France a attiré la main-d'œuvre de ses colonies. Les Algériens, Marocains, Tunisiens et Sénégalais étaient nombreux à immigrer dans l'Hexagone pour travailler. Après, la décolonisation, la France a continué à embaucher des étrangers venant de ses anciennes colonies, notamment lors des Trente Glorieuses, une période lors de laquelle l'industrie a explosé en France. Ces immigrés, après leur retraite, étaient nombreux à regagner leur pays d'origine. C'est ce qui fait que le nombre de bénéficiaires d'une pension de retraite en France et vivant à l'étranger atteigne un nouveau record.
Combien d'étrangers bénéficient d'une pension de retraite en France ?
En 2022, 15 049 171 pensions de retraite ont été versées par la CNAV. Sur ce nombre, 1 087 595 ont profité à des ressortissants étrangers, soit 7,2 % du total. L'Algérie trône en tête de ce classement avec plus de 300 000 retraités. Voici une répartition détaillée sur les 10 premiers pays.
- Algérie : 341 184
- Portugal : 163 850
- Espagne : 157 074
- Italie : 65 829
- Maroc : 60 864
- Belgique : 51 915
- Allemagne : 46 827
- Tunisie : 37 395
- Suisse : 20 993
- Turquie : 14 488
Les chiffres de la Caisse nationale d'assurance vieillesse (CNAV) révèlent également les multiplications des fraudes sociales. Le ministre de l'Action et des Comptes publics, Gabriel Attal, veut prendre des mesures urgentes pour lutter contre ce fléau. Dans son viseur, les ressortissants étrangers de plus de 85 ans, et plus particulièrement ceux résidant hors Union européenne. Environ 500 000 personnes devraient donc être concernées par ce programme.
Au sein de l'Union européenne, les échanges d'informations entre États membres permettent des vérifications rapides de l'état civil des personnes concernées par la fraude. Il n'en est pas de même avec les ressortissants non européens, dont la situation nécessite des vérifications supplémentaires.
300 dossiers non conformes sur 1 000 retraités algériens
Des contrôles auprès des bénéficiaires étrangers devraient être organisés via des rendez-vous dans des consulats ou des banques locales. Les moyens de la biométrie, dont la reconnaissance faciale, devraient également simplifier l'identification des bénéficiaires. Le gouvernement français compte aussi sur la collaboration de son homologue algérien. L'automne dernier, 300 dossiers non conformes sur 1 000 retraités algériens présumés centenaires ont été identifiés.
Le phénomène de fraude aux retraites avait déjà été signalé par la Cour des comptes dans un rapport publié en 2020. « Les actions mises en œuvre (…) couvrent insuffisamment le risque de poursuite injustifiée du versement de prestations à des assurés résidant à l’étranger et dont le décès n’a pas été signalé par leurs proches ou est dissimulé par l’envoi de certificats d’existence injustifiés ou falsifiés », détaillait ce rapport.
Gabriel Attal dévoile son plan contre les fraudes sociales :
• obligation de résider 9 mois en France pour toucher les prestations
• fusion de la carte Vitale et de la carte d’identité
• contrôle des retraités de plus de 85 ans installés à l’étranger
➡️ https://t.co/RpJ79OZHeu pic.twitter.com/TStpavMZ79— Le Parisien (@le_Parisien) May 31, 2023
Un sujet qui fait polémique
Le ministre de l'Action et des Comptes publics, Gabriel Attal, a affiché son intention de sévir contre ces pratiques frauduleuses, tout en affirmant ne pas vouloir « stigmatiser qui que ce soit ». Le ministre a certainement encore à l'esprit la polémique créée par le député RN, Gilbert Collard, en décembre 2019. Ce dernier a déclaré que la fraude aux retraites coûtait très cher à la France, pointant du doigt « des retraités immortels » qui « vivent grâce à nos retraites jusqu’à 105 ans, 110 ans, ça fait 6,5 milliards ».
Ces chiffres semblent cependant très éloignés de la réalité. Selon les chiffres de la CNAV, ces centenaires ne sont en réalité qu'au nombre 1 717 et représentent moins de 0,02 % du total des pensions de retraite versées à des bénéficiaires résidant à l'étranger. Le montant total des pensions de retraite versé par la CNAV à des ressortissants vivant à l'étranger était de 6,8 millions d'euros sur l'année 2019. Une goutte d'eau dans un océan, puisque ce chiffre s'arrête à 3,2 % sur les quatre milliards d'euros de pensions versés au total par la CNAV cette même année.