Natixis, la banque d'investissement affiliée au groupe Banque Populaire-Caisse d'épargne (BPCE), a récemment rendu publique une analyse qui prédit l'évolution du déficit public français d'ici 2027. C'est une prévision qui est valable uniquement si les conditions économiques actuelles demeurent inchangées.
Le déficit public était estimé à 124,5 milliards d'euros en 2022, ce qui représente 4,7 % du PIB, selon l'Insee. Ces données mettent en lumière le déséquilibre entre les recettes et les dépenses de l'État. Elles soulignent ainsi les pertes financières d'une administration publique dont les dépenses surpassent ses recettes. À rappeler que les traités européens fixent à 3 % du PIB la limite du déficit public.
Cette situation a incité le gouvernement français à adopter des stratégies visant à diminuer les dépenses publiques pour se conformer à l'exigence européenne d'ici la fin du quinquennat en 2027. Toutefois, Natixis pose une question essentielle : de combien le déficit public pourrait-il s'accroître au cours des cinq prochaines années si aucun effort supplémentaire de réduction n'est entrepris ?
Une étude basée sur trois facteurs principaux
Pour établir cette prévision, Natixis s'est penchée sur trois indicateurs importants. Elle prend en compte la « croissance potentielle » du PIB, autrement dit l'augmentation anticipée (ou non) des recettes de l'État d'ici 2027 si aucune modification n'est apportée à la politique budgétaire. Pour cela, la banque prend en compte plusieurs éléments, tels que la somme des gains de productivité, la croissance de la population active, l'évolution du taux d'emploi et le taux de chômage. Selon Natixis, cette croissance devrait être modeste, avec une prévision de 0,3 % par an, entre 2023 et 2027. Selon l'Insee, pour le second trimestre de 2023, ce taux pourrait s'élever à 0.5 %.
Le deuxième facteur se rapporte aux taux d'intérêt de la dette publique et à leur évolution. Ces taux représentent les coûts supportés par l'État lorsqu'il emprunte pour combler son déficit. Plus le déficit est conséquent, plus le montant emprunté est important et, par conséquent, les frais d'intérêt s'accumulent. Selon Natixis, la France pourrait avoir à s'acquitter, d'ici 2027, d'intérêts équivalant à 3,5 % de son PIB
Enfin, la troisième variable est l'évolution du déficit dit « primaire », qui concerne les pertes annuelles de l'État liées uniquement aux dépenses opérationnelles de l'administration, excluant les intérêts sur la dette. Natixis prévoit une augmentation de 0,3 % du PIB par an du déficit public primaire d'ici 2027, en se basant sur la situation de l'année 2022 et les estimations de croissance du PIB. Natixis prévoit, par ailleurs, un déficit public de 4,7 % du PIB en France pour 2027.