France 2030 : le Sénat réduit de 1 milliard d’euros les crédits du programme phare de Macron

Le Sénat a voté une réduction d’un milliard d’euros des crédits alloués au programme France 2030, malgré l’opposition du gouvernement.

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France 2030 : le Sénat réduit de 1 milliard d'euros les crédits du programme phare de Macron. Crédit : Shutterstock | Econostrum.info

Le Sénat a décidé, samedi 13 décembre, de réduire substantiellement les crédits alloués au programme France 2030, une mesure qui pourrait mettre en péril certains projets clés de la transition énergétique et industrielle du pays. Un vote qui risque de perturber les ambitions de la France en matière d’innovation et de décarbonation.

Malgré l’opposition du gouvernement, le Sénat, dominé par une majorité de droite-centriste, a adopté un amendement réduisant d’un milliard d’euros les crédits alloués à France 2030. Ce programme, lancé par Emmanuel Macron en 2021, avait pour objectif de réorienter la stratégie industrielle du pays en investissant massivement dans des secteurs technologiques et écologiques. Il s’agit d’un investissement de 54 milliards d’euros étalé sur cinq ans, dont une grande partie était destinée à soutenir l’innovation, la recherche, ainsi que la transition énergétique et la décarbonation des industries.

Le ministre de l’Industrie, Sébastien Martin, a vivement réagi à cette décision, soulignant qu’il avait besoin d’un budget de 5,5 milliards d’euros pour 2026, dont 4,2 milliards pour honorer les engagements déjà pris par l’État et 1,3 milliard pour financer de nouveaux projets. Il a averti que la réduction des crédits risquait de paralyser la mise en œuvre de ces projets essentiels. « France 2030 est aujourd’hui la colonne vertébrale de notre stratégie industrielle et technologique », a-t-il déclaré, rapportent nos confrères des Echos.

Une réduction des crédits qui perturbe la stratégie industrielle

La réduction des crédits survient dans un contexte où le gouvernement cherche à maintenir la compétitivité industrielle du pays, notamment face à la crise climatique. Le programme France 2030 représente un levier important pour rattraper le retard de la France en matière d’industries de demain, notamment celles liées aux énergies renouvelables, à la mobilité durable et à la décarbonation. Le plan a également pour but de soutenir les entreprises françaises à l’international et de favoriser le développement des technologies de demain.

Mais les sénateurs, emmenés par Jean-François Husson (Les Républicains), ont estimé que ce programme était marqué par une “grande surestimation budgétaire”, ce qui a conduit à des annulations de crédits en 2024 et 2025. Ils ont également pointé les difficultés du gouvernement à gérer et à piloter efficacement ce programme. Cette coupe intervient alors même que France 2030 avait déjà connu une suspension partielle de ses aides en raison de la lenteur d’exécution de certains projets.

Une vision partagée par certains sénateurs

Des voix se sont élevées contre cette réduction, qui pourrait fragiliser l’avenir de l’innovation industrielle en France. Le sénateur Vincent Louault (Horizons) a regretté que cette coupe budgétaire donne l’image d’un Sénat opposé à l’innovation, à la recherche et à la transition écologique. « On ne peut pas laisser cette image-là paraître du Sénat contre l’innovation, contre la recherche et contre tout ce qui fait la sève de notre pays », a-t-il déploré.

Malgré les critiques, les sénateurs ont voté en faveur de la réduction des crédits, estimant que le gouvernement devait mieux piloter ses projets et éviter les dépenses non maîtrisées. Une position qui pourrait mettre à mal la mise en œuvre de France 2030 si les négociations entre le gouvernement et le Parlement n’aboutissent pas à un compromis.

L’avenir de France 2030 en suspens

Ce vote pourrait entraîner un ralentissement de la transition énergétique, un des axes prioritaires du programme, et retarder la réalisation de projets à fort enjeu pour la décarbonation des secteurs industriels. En cas de maintien de la coupe budgétaire, le gouvernement devra revoir ses priorités et peut-être revoir à la baisse ses ambitions pour 2026.

En parallèle, le Sénat a également adopté un amendement transpartisan en faveur de La Poste, attribuant une rallonge budgétaire de 52 millions d’euros pour soutenir sa mission de service public, notamment pour le maintien de 17 000 points de contact sur l’ensemble du territoire.

 

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