Le Forum de Davos en cours (du 15 au 19 janvier) est déjà marqué par cet appel réitéré de dizaines de millionnaires et milliardaires réclamant à être taxés à leur hauteur pour atténuer les inégalités économiques en progression à travers le monde.
La lettre de quelque 250 millionnaires et milliardaires qui réclament aux dirigeants du monde réunis à Davos de leur imposer un impôt à hauteur de leur situation économique sonne comme une révolution dans les mœurs. Ce n’est certes pas une nouveauté, puisque ce groupe des plus riches au monde n’est pas à son premier appel du genre, mais le caractère solennel qui enveloppe l’initiative lui donne un impact certain sur les consciences. L’enjeu concerne le devenir de la société, censé constituer justement la cause de cette élite politique mondiale en conclave en Suisse.
Les politiques décideurs au pied du mur
« Nous sommes surpris que vous n’ayez pas répondu à une question simple que nous nous posons depuis trois ans : quand va-t-on taxer les richesses extrêmes ? Si les représentants élus des principales économies du monde ne prennent pas de mesures pour lutter contre la montée spectaculaire des inégalités économiques, les conséquences continueront d'être catastrophiques pour la société », clament 250 fortunés, répartis à travers 17 pays du monde.
Les signataires de l’appel se veulent on ne peut plus clairs, eux qui ont intitulé leur message « Les dirigeants élus doivent nous taxer, nous les super-riches. Nous serions fiers de payer plus », d’autant plus que, selon eux, cela « ne modifiera pas fondamentalement (leur) niveau de vie, ne privera pas (leur) enfants et ne nuira pas à la croissance économique de nos nations ». Ils mettent également l’accent sur l’urgence de « remédier au déséquilibre colossal actuel ». « C’est pourquoi nous revenons à vous pour vous demander d’agir de toute urgence », précisent les milliardaires.
Des milliardaires et Oxfam font-ils cause commune au Forum de Davos ?
De son côté, l’ONG Oxfam n’a pas manqué l’occasion pour pointer du doigt le laxisme des décideurs face aux « inégalités obscènes » entre les riches et les pauvres du monde. Dans son rapport annuel publié, l’ONG dénonce l’accaparement des richesses du monde par une poignée de multimilliardaires. « La fortune des cinq hommes les plus riches du monde est passée de 405 milliards de dollars à 869 milliards de dollars, ce qui représente une augmentation de 14 millions de dollars par heure […] Les 1 % les plus riches possèdent 48 % de tous les actifs financiers du monde », note le rapport.