Forfaits mobiles XXL : bientôt la fin du tout illimité en 4G et 5G ?

Avec des forfaits proposant plusieurs centaines de gigaoctets, la France se distingue par des offres généreuses et accessibles. Mais ce modèle a un coût écologique non négligeable. Faut-il encadrer ces offres pour limiter leur impact ? Le débat est lancé.

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une personne vetue d'une chemise bleu qui utilise un smartphone
Vers une régulation des forfaits mobiles avec trop de gigas | Econostrum.info

Les forfaits mobiles avec plusieurs centaines de gigaoctets à bas prix sont dans le viseur des autorités environnementales. L’Ademe et l’Arcep pointent du doigt l’empreinte carbone de la consommation de données mobiles, bien plus élevée que celle du Wi-Fi. Une tarification progressive est envisagée pour inciter les utilisateurs à limiter leur usage de la 4G et de la 5G. Mais cette idée suscite une forte opposition de la part des opérateurs. Alors qu’une éventuelle proposition de loi a été évoquée, les autorités démentent pour l’instant tout projet concret.

La France est l’un des rares pays à proposer des forfaits mobiles avec des enveloppes de données aussi conséquentes à des prix aussi attractifs. Aujourd’hui, il est possible de bénéficier de 300 Go pour moins de 20 euros, voire même de l’Internet illimité sous conditions. À titre de comparaison, dans de nombreux pays, l’accès aux données mobiles est facturé à l’usage, rendant les forfaits à plusieurs centaines de gigas quasi inexistants.

Or, selon les données de l’Autorité de régulation des communications électroniques (Arcep), la consommation moyenne des Français en 2022 ne dépassait pas 14 Go par mois. Cela signifie qu’une grande partie des gigaoctets inclus dans ces forfaits ne sont pas utilisés, ou pire, qu’ils encouragent des usages énergivores et non essentiels. Cette situation interroge sur la nécessité réelle de ces forfaits XXL et leur coût écologique.

L’impact environnemental au cœur du débat

Le numérique est un secteur particulièrement énergivore. Selon une étude conjointe de l’Agence de la transition écologique (Ademe) et de l’Arcep, il représentait 4,4 % de l’empreinte carbone nationale en 2022. Parmi cette pollution, 46 % provient directement de la consommation de données mobiles.

Les réseaux 4G et 5G sont particulièrement pointés du doigt : leur empreinte carbone serait dix fois plus élevée que celle du Wi-Fi. Cela s’explique par le fonctionnement des antennes relais, qui consomment en permanence de l’énergie pour assurer la transmission des données. En comparaison, un réseau Wi-Fi repose principalement sur une infrastructure filaire, bien moins gourmande en énergie.

Face à ce constat, l’Ademe milite pour une utilisation plus raisonnée des données mobiles et encourage les consommateurs à privilégier le Wi-Fi dès que possible. Parmi les pistes évoquées, l’idée d’une tarification progressive a été mise en avant : plus un utilisateur consommerait de gigas, plus le coût au gigaoctet augmenterait, afin de décourager la surconsommation inutile.

Une régulation des forfaits mobiles envisagée, mais contestée

L’hypothèse d’une régulation du marché a rapidement fait réagir les opérateurs. L’idée d’une proposition de loi visant à encadrer les forfaits mobiles trop généreux a été évoquée dans certains médias, mais a été fermement démentie par Roland Marion, directeur de l’économie circulaire de l’Ademe. « Ce n’est pas le rôle de l’Ademe », a-t-il précisé à nos confrères de Merci pour l’info, expliquant que l’agence se contente d’informer et de sensibiliser sur l’impact écologique du numérique.

Du côté des opérateurs, la résistance est forte. Xavier Niel, patron de Free, a d’ailleurs répondu sans détour sur le réseau social X : « Non. », lorsqu’il a été interrogé sur la possibilité de voir une telle loi émerger. Pour les fournisseurs d’accès, ces forfaits sont un atout commercial majeur dans un marché ultra-concurrentiel. Limiter leur attractivité reviendrait à bouleverser l’offre et risquerait de provoquer une fronde des consommateurs habitués à ces enveloppes généreuses.

Quel avenir pour les forfaits mobiles ?

Si aucune loi spécifique ne semble être dans les cartons pour l’instant, le débat sur l'empreinte carbone des forfaits mobiles est bel et bien lancé. Le gouvernement pourrait à terme encourager un modèle de tarification basé sur l’usage, comme cela se fait dans d’autres pays. Une autre option serait d’inciter les opérateurs à proposer des forfaits plus raisonnables et mieux adaptés aux usages réels des consommateurs.

En attendant, les utilisateurs restent libres de choisir leur forfait, mais sont de plus en plus invités à privilégier le Wi-Fi lorsqu’ils en ont la possibilité. Si la régulation n’est pas encore d’actualité, le sujet ne manquera pas de revenir sur la table à mesure que la transition écologique s’accélère.

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