Adopté par le Sénat, le projet de loi de finances 2025 prévoit une hausse des fonctionnaires, un changement notable par rapport aux réductions envisagées. Entre négociations politiques et choix budgétaires, ce revirement reflète des priorités sociales réaffirmées.
Le projet de loi de finances 2025, initialement présenté par l’ancien Premier ministre Michel Barnier, prévoyait une légère diminution des effectifs publics. Cette orientation marquait une tentative symbolique de maîtriser le déficit public en réduisant de 2 201 postes les emplois équivalents temps plein (ETP) dans l’État et ses opérateurs. Cependant, après plusieurs mois de débats parlementaires et de modifications, le texte issu du Sénat propose une augmentation nette de 2 264 emplois publics en 2025.
Cette hausse du nombre de fonctionnaires s’explique principalement par une révision des suppressions prévues dans les opérateurs de l’État, combinée à la création de 3 076 postes supplémentaires au sein des administrations publiques. Parmi les secteurs bénéficiaires figurent notamment l’Éducation nationale et certains opérateurs stratégiques tels que le CNRS ou France Travail.
Le poids des négociations politiques
Cette réorientation budgétaire résulte en grande partie de concessions faites aux groupes parlementaires, notamment les socialistes. Ces derniers, à l’occasion des débats au Sénat, ont obtenu des engagements pour renforcer les moyens alloués à plusieurs secteurs clés, comme l’éducation et la recherche.
Ces ajustements traduisent également la volonté du gouvernement de François Bayrou d’éviter un blocage parlementaire, voire une censure, comme l’a souligné Éric Lombard, ministre de l’Économie et des Finances. Lors de la présentation de ses vœux, Éric Lombard a rappelé que le coût d’une concession politique était moindre que celui d’une éventuelle censure budgétaire, illustrant ainsi les arbitrages nécessaires pour faire adopter ce texte.
Les fonctionnaires au cœur des priorités budgétaires
Cette augmentation des effectifs dans les services publics intervient dans un contexte de déficit public élevé, où chaque dépense supplémentaire alourdit la pression sur les finances publiques. En dépit de cette contrainte, le gouvernement justifie ce geste par la nécessité de répondre à des priorités nationales, notamment le renforcement des services publics essentiels.
Néanmoins, ce choix soulève des interrogations sur la capacité de l’État à contenir son endettement à moyen terme, alors que les recettes fiscales peinent à compenser des dépenses en constante augmentation.
Une rupture symbolique
Le choix d’augmenter les emplois publics en 2025 marque une rupture symbolique avec les orientations précédentes, qui visaient une stabilisation, voire une réduction des effectifs. Il reflète une stratégie gouvernementale axée sur le renforcement des services publics pour répondre aux attentes sociales, quitte à assouplir les objectifs de réduction des dépenses.
Dans un climat politique tendu, cette décision met en lumière la complexité des arbitrages budgétaires et la nécessité d’adapter les choix économiques aux priorités sociales et politiques du moment. Reste à voir si cette augmentation des effectifs publics permettra de répondre efficacement aux besoins des citoyens tout en maîtrisant le déficit public.