Chaque année, des millions de roses et autres fleurs s’échangent à la Saint-Valentin, mais leur innocuité est remise en question. Une enquête menée par UFC-Que Choisir révèle une présence inquiétante de pesticides, parfois interdits, sur l’ensemble des fleurs testées. Cette découverte relance le débat sur la réglementation et la transparence dans le secteur floral.
L’association UFC-Que Choisir a analysé 15 bouquets achetés dans différentes enseignes : grandes surfaces, fleuristes et sites de vente en ligne. Les résultats sont alarmants : toutes les fleurs testées contiennent des pesticides. En moyenne, chaque bouquet recèle 22 résidus chimiques, dont 12 sont identifiés comme dangereux ou suspectés de l’être.
Certains de ces pesticides sont classés comme perturbateurs endocriniens, cancérogènes ou encore toxiques pour la fertilité. Plus inquiétant encore, plusieurs substances interdites en Europe ont été retrouvées dans ces bouquets, notamment le thiaclopride, un insecticide accusé d’être toxique pour la reproduction.
Elsa Abdoun, chargée de l’enquête pour UFC-Que Choisir, alerte : « ce n’est pas parce qu’on achète des fleurs françaises qu’on a la garantie qu’elles ont sans résidu de pesticides, loin de là ».
Des importations massives, peu contrôlées
Environ 80 % des fleurs coupées vendues en France proviennent de Colombie, d’Équateur ou du Kenya, des pays où la réglementation sur les pesticides est moins stricte qu’en Europe.
Dans ces pays, des substances interdites en UE sont encore utilisées, exposant ainsi les consommateurs français à des molécules interdites sur le territoire. Le problème majeur réside dans le manque de contrôles sanitaires aux frontières, permettant à ces fleurs traitées de circuler librement sur le marché français.
Elsa Abdoun souligne : « Il y a aucune réglementation sur les doses maximales qu’on peut utiliser. On interdit les pires substances, mais il y en a encore tout un tas qu’on utilise et dont on sait qu’elles sont probablement dangereuses pour la santé »
Un risque majeur pour les fleuristes
L’exposition aux pesticides ne concerne pas uniquement les consommateurs. Les fleuristes, qui manipulent ces fleurs quotidiennement, sont en première ligne face aux risques sanitaires.
Une étude belge de 2019 a montré que pendant les périodes de forte activité, comme la Saint-Valentin, les fleuristes présentaient deux fois plus de résidus de pesticides dans leurs urines que le reste de la population. Ces substances peuvent provoquer des troubles hormonaux, des problèmes respiratoires ou encore des maladies graves comme certains cancers.
Un drame a récemment illustré ce danger : une fillette est décédée d’une leucémie liée à l’exposition de sa mère aux pesticides. Cette dernière était représentante en fleurs chez un grossiste et avait été exposée pendant sa grossesse. Face à ces constats inquiétants, UFC-Que Choisir demande des mesures urgentes pour mieux encadrer l’utilisation des pesticides dans le secteur floral. L’association réclame :
Une limitation des doses maximales de résidus de pesticides sur les fleurs coupées
L’interdiction d’importer des fleurs traitées avec des pesticides interdits en Europe
Un étiquetage obligatoire précisant l’origine et les traitements chimiques appliqués aux fleurs
Aujourd’hui, contrairement aux fruits et légumes, les fleurs ne sont soumises à aucune obligation d’information sur leur teneur en pesticides.
Comment acheter des fleurs plus saines ?
Face à ce manque de transparence, les consommateurs souhaitant éviter ces substances toxiques doivent privilégier les fleurs bio ou locales.
UFC-Que Choisir recommande :
- Les fleurs bio, cultivées sans pesticides chimiques de synthèse
- Les fleurs labellisées « Fleur de France », bien que ce label ne garantisse pas l’absence totale de résidus
- Les bouquets portant la certification Fairtrade, qui impose certaines restrictions sur les pesticides et garantit de meilleures conditions de travail aux producteurs
En l’absence d’un cadre réglementaire plus strict, le choix du consommateur reste le meilleur levier pour favoriser une filière plus respectueuse de la santé et de l’environnement.