Alors que l’Europe s’est fixé comme objectif la fin des ventes de voitures thermiques en 2035, la Commission européenne pourrait réviser sa position dès fin 2025. Cette annonce, faite par Stéphane Séjourné, vice-président de la Commission, ouvre la porte à une possible modification de l’interdiction totale des véhicules essence et diesel, au profit d’une approche plus souple intégrant d’autres solutions technologiques.
L’Union européenne a adopté en 2023 une législation prévoyant l’arrêt des ventes de voitures neuves à moteur thermique en 2035, afin de réduire drastiquement les émissions de CO2 du secteur automobile. Toutefois, face aux difficultés économiques et industrielles, la Commission envisage désormais d’ajuster ces ambitions, rapporte Le Parisien.
Parmi les principaux freins identifiés figurent le coût élevé des véhicules électriques, la baisse de la demande des consommateurs, ainsi que le retard du déploiement des infrastructures de recharge. Plusieurs pays membres, dont l’Allemagne et l’Italie, ont exprimé des réserves quant à une transition trop brutale vers le tout-électrique, craignant un impact négatif sur l’emploi et la compétitivité de leurs industries automobiles.
Vers une neutralité technologique plutôt qu’une interdiction totale des voitures thermiques
L’une des principales pistes évoquées concerne la notion de neutralité technologique. Plutôt que d’imposer exclusivement le 100 % électrique, l’Union européenne pourrait reconnaître d’autres alternatives comme les carburants synthétiques (efuels) et les biocarburants pour atteindre l’objectif de zéro émission nette en 2035. Cette approche permettrait aux constructeurs de continuer à produire des véhicules thermiques fonctionnant avec des carburants à faible impact carbone.
Ce changement de cap est soutenu par plusieurs industriels du secteur, qui plaident pour une transition progressive, adaptée aux contraintes économiques et technologiques. Des groupes comme Renault, Stellantis et Volkswagen réclament depuis plusieurs mois plus de flexibilité dans la mise en œuvre des nouvelles réglementations, afin d’éviter des perturbations majeures dans la chaîne de production.
Les constructeurs automobiles face à l’incertitude
Pour les constructeurs, une telle révision offrirait une marge de manœuvre supplémentaire pour adapter leurs stratégies industrielles. De nombreux acteurs du secteur ont investi massivement dans l’électrification, mais restent confrontés à des coûts de production élevés et à une demande encore fragile pour les véhicules électriques.
Par ailleurs, certaines marques ont déjà commencé à développer des modèles compatibles avec les carburants synthétiques, notamment Porsche, qui mise sur cette technologie pour prolonger la vie des moteurs thermiques. Un assouplissement des règles permettrait d’accélérer ces innovations tout en limitant les risques économiques pour l’ensemble du secteur.
Un débat encore ouvert au sein de l’Union européenne
Si cette révision est envisagée, elle devra encore faire l’objet de discussions au sein de la Commission européenne et être validée par les États membres. Certains pays, comme la France et les Pays-Bas, restent attachés à l’objectif initial de 2035 et pourraient s’opposer à un report ou à une modification des ambitions climatiques.
Les décisions finales seront prises après une évaluation approfondie du marché automobile en 2025, en tenant compte des avancées technologiques et de l’évolution des ventes de véhicules électriques. L’Union européenne devra donc trancher entre maintenir un objectif ambitieux pour le climat ou adapter ses règles aux réalités économiques et industrielles.








