Les pièces rouges de 1 et 2 centimes sont de moins en moins utilisées et jugées encombrantes par une partie de la population. Plusieurs pays européens ont déjà limité leur circulation, mais leur suppression en France pose encore question. Quels sont les avantages et les risques d’une telle mesure ?
Fabriquer des pièces de 1 et 2 centimes coûte plus cher que leur valeur réelle. Selon les estimations, chaque pièce de 1 centime coûte 1,65 centime à produire, tandis que celle de 2 centimes revient à 1,94 centime. Ce paradoxe économique pousse certains pays à réduire leur utilisation, voire à les retirer complètement de la circulation.
Aux États-Unis, l’administration de Donald Trump a envisagé la suppression du penny pour cette même raison. En Europe, plusieurs États ont adopté des mesures similaires, notamment l’Irlande en 2015, suivie par les Pays-Bas, la Finlande et la Belgique, où les commerçants arrondissent les prix aux 5 centimes les plus proches.
En France, un rapport du Comité Action Publique 2022 proposait déjà en 2018 d’éliminer progressivement ces pièces, mais l’idée n’a jamais été retenue officiellement.
La disparition des pièces de 1 et 2 centimes pourrait accentuer l’inflation
L’un des principaux arguments contre la suppression des pièces de 1 et 2 centimes concerne l’arrondi des prix. En Belgique, où les commerces appliquent déjà un arrondi systématique aux 5 centimes les plus proches, l’impact sur les prix reste limité. Toutefois, dans un contexte où l’inflation est déjà élevée, beaucoup craignent que les commerçants en profitent pour augmenter discrètement les tarifs en les arrondissant à l’unité supérieure.
L’UFC-Que Choisir avait déjà alerté sur ce risque en 2018, rappelant que des précédents, comme le passage à l’euro ou la baisse de la TVA dans la restauration, avaient parfois conduit à des hausses de prix non justifiées. Certains craignent également que cette mesure accélère la transition vers une société sans argent liquide, ce qui pourrait avoir un impact sur la perception de la valeur de l’argent par les consommateurs.
Un impact potentiel sur les microdons et l’économie sociale
Les petites pièces jouent un rôle important dans les dons aux associations et à l’économie sociale. De nombreuses collectes de fonds reposent sur ces centimes, que les consommateurs n’hésitent pas à laisser dans les caisses des commerces ou à donner à des associations. Leur suppression pourrait réduire ces microdons, même si le paiement arrondi par carte bancaire tend à se développer.
Lorsque l’euro a été introduit en 1999, les petites pièces étaient perçues comme un moyen de faciliter les transactions et de rassurer les consommateurs face au changement de monnaie. Aujourd’hui, leur utilité semble diminuer, notamment avec la montée des paiements sans contact et numériques.
Une décision européenne toujours en suspens
La Commission européenne devait se prononcer sur la suppression des pièces de 1 et 2 centimes en décembre 2022, mais la décision a finalement été reportée à une date indéterminée. Ce blocage s’explique en partie par la sensibilité politique du sujet, notamment en raison de l’inflation qui touche déjà durement les ménages européens.
En attendant une directive commune, la France pourrait suivre l’exemple de ses voisins en réduisant progressivement l’émission de ces pièces. La Monnaie de Paris prévoit déjà une baisse de 40 % du volume de production des pièces de 1, 2 et 5 centimes d’ici 2027, signe que la disparition des petites pièces pourrait se faire naturellement, rapporte Le Parisien.
Si la suppression des pièces de 1 et 2 centimes semble inévitable à long terme, elle reste un sujet sensible qui soulève des questions sur l’inflation, le pouvoir d’achat et l’économie sociale. Alors que plusieurs pays européens ont déjà adopté l’arrondi aux 5 centimes, la France reste prudente, attendant une décision européenne avant d’agir.