Le débat autour du logement social est loin d’être clos. Le 25 mars, la commission des affaires économiques a rejeté un projet de loi visant à modifier les critères de maintien dans les HLM. Cette proposition, portée par le député Guillaume Kasbarian, remet en question l’idée de logements sociaux « à vie » et cherche à redéfinir les règles de leur attribution.
Le débat sur la réforme du logement social est relancé après le rejet par la commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale, le 25 mars, de la proposition de loi de Guillaume Kasbarian. Ancien ministre du Logement, ce dernier a défendu une réforme visant à modifier les critères de maintien dans les HLM. Selon lui, il est impératif de mettre fin à un système où certains locataires peuvent rester indéfiniment dans un logement social, même si leurs revenus augmentent. Pour Kasbarian, le logement social devrait être une étape vers la propriété et non un droit permanent.
Une nouvelle vision des critères de maintien
La proposition de loi de Kasbarian entendait introduire de nouveaux critères pour mettre fin à l’occupation à vie des logements sociaux. Si un locataire voit ses revenus dépasser 120% des plafonds fixés pour deux années consécutives, il ne pourrait plus rester dans son logement. En outre, si un locataire est propriétaire d’un autre bien immobilier adapté à ses besoins ou susceptible de générer des revenus suffisants pour accéder au marché privé, son bail pourrait être résilié. Cette mesure vise à libérer des logements pour les familles les plus modestes. Cependant, la proposition a été modifiée en commission, perdant une grande partie de sa portée.
Un autre point central de la réforme est la révision des conditions d’application du supplément de loyer de solidarité (SLS). Ce surloyer est actuellement exigé lorsque les revenus d’un locataire dépassent de 20% les plafonds fixés pour l’attribution des logements sociaux. La nouvelle proposition prévoyait une application dès le premier euro de dépassement de ces plafonds, ce qui aurait augmenté le nombre de locataires soumis à cette taxe. De plus, la loi supprimait les exemptions de SLS pour les résidents des quartiers prioritaires ou des zones rurales en difficulté. Cette modification aurait eu un impact direct sur le budget des locataires concernés.
Les tensions politiques autour du projet visant le logement social
Ce projet de loi a suscité de vives réactions. Les députés de gauche et certaines associations de défense des locataires ont dénoncé une mesure injuste, susceptible d’aggraver la précarité. Ils ont critiqué la proposition de Kasbarian, la qualifiant d’« instrumentalisée » pour répondre à des situations marginales. Le rapporteur de la loi, Stéphane Vojetta, avait estimé que cette réforme permettrait de libérer environ 30 000 logements sociaux, une estimation jugée insuffisante face à la crise du logement. De leur côté, la ministre déléguée à la Ville, Juliette Méadel, a exprimé son soutien au rejet du texte, soulignant l’importance de maintenir la mixité sociale dans les quartiers, rapporte Capital.
Le rejet de la proposition de loi en commission n’entraîne pas son abandon définitif. Le texte sera examiné par les députés lors d’une séance publique le 31 mars. Ce sera l’occasion de relancer le débat sur l’avenir du logement social en France, alors que le pays fait face à une demande croissante et à une offre insuffisante. Il reste à savoir si de nouvelles modifications seront apportées ou si le projet sera définitivement enterré.