Fin de vie : François Bayrou freine-t-il une loi attendue par 78% des Français ?

Alors que le débat sur la fin de vie semblait s’accélérer, François Bayrou a choisi de scinder le projet de loi en deux volets distincts. Le Premier ministre met en avant les soins palliatifs tout en reportant la question de l’aide active à mourir, provoquant des tensions au sein de la majorité. Tandis que certains y voient une tactique d’apaisement, d’autres redoutent un abandon déguisé du sujet sensible. Entre pressions politiques et attentes citoyennes, le projet peine à avancer.

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Le projet de loi sur la fin de vie, qui devait inclure l’aide active à mourir et le renforcement des soins palliatifs, est aujourd’hui au point mort. François Bayrou, en choisissant de scinder le texte, suscite des critiques et des doutes sur l’avenir de cette réforme sensible. Entre pressions politiques et attentes citoyennes, le débat reste ouvert.

François Bayrou a annoncé une séparation nette dans le traitement du projet de loi sur la fin de vie. Le texte initial, qui devait à la fois renforcer l’accès aux soins palliatifs et légaliser l’aide active à mourir, sera désormais abordé en deux temps distincts à l’Assemblée nationale. Selon le Premier ministre, cette approche permet de concentrer le débat sur le développement des soins palliatifs, une priorité consensuelle.

Cependant, cette décision est perçue par de nombreux élus comme un frein délibéré à l’évolution législative. Agnès Firmin-Le Bodo, ancienne ministre de la santé, a vivement critiqué ce choix, estimant qu’il détourne l’attention des engagements pris par Emmanuel Macron après la Convention citoyenne sur la fin de vie.

Une question éthique divisée

L’aide active à mourir reste un sujet éminemment sensible en France. François Bayrou, fervent catholique, s’était déjà opposé à la création d’un « service public pour donner la mort ». Sa position actuelle est vue comme une manière de repousser un débat éthique complexe, tout en évitant une opposition frontale.

Pourtant, l’attente des Français reste forte : selon un sondage Ifop, 78 % des citoyens souhaitent une évolution de la législation en matière de fin de vie. Face à ce chiffre, des députés comme Olivier Falorni dénoncent le manque de considération pour les avis issus de la consultation citoyenne et des débats transpartisans menés depuis plusieurs années.

La gestion de ce dossier illustre les fragilités de la majorité actuelle. En scindant le texte, François Bayrou espère éviter de diviser davantage les rangs des députés Renaissance et Modem, où les positions divergent fortement. Les soins palliatifs, consensuels, devraient passer plus facilement au Sénat, mais l’aide active à mourir pourrait ne jamais revenir à l’agenda parlementaire, selon certains observateurs.

Pour la droite, majoritairement opposée à l’euthanasie, cette stratégie est bien accueillie. Patrick Hetzel, député Les Républicains, qualifie cette décision de « bonne nouvelle », voyant dans ce report une victoire des positions conservatrices.

Un avenir législatif incertain pour la loi sur la fin de vie

L’avenir du projet de loi sur la fin de vie reste flou. Bien que le gouvernement affirme vouloir inscrire l’aide active à mourir à l’agenda parlementaire, aucune date précise n’a été avancée. Emmanuel Macron lui-même semble hésitant, oscillant entre sa « conviction qu’il faut bouger » et son « doute salvateur ».

Ce flou alimente les craintes d’un enterrement progressif du sujet. Pour Jean Leonetti, père de la première loi sur la fin de vie, la priorité devrait être budgétaire : « On n’a pas besoin d’une loi sur les soins palliatifs mais d’argent pour les développer et donc d’une ligne de crédit dans le budget de la sécurité sociale. Tout le reste est de l’affichage », rapporte BFMTV.

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