Le gouvernement souhaite revoir sa stratégie sur la fin de vie en scindant son projet de loi. Le ministre de la Santé, Yannick Neuder, défend cette décision en mettant en avant la nécessité de garantir un accès aux soins palliatifs. Pourtant, cette annonce suscite de nombreuses oppositions parmi les parlementaires et les associations.
Le Premier ministre, François Bayrou, a annoncé à la mi-janvier son intention de diviser le projet de loi sur la fin de vie. L’objectif est d’aborder séparément l’aide médicale à mourir et les soins palliatifs. Cette approche vise à faire avancer plus rapidement les mesures non controversées, notamment celles garantissant un accès aux soins palliatifs sur tout le territoire.
Yannick Neuder a confirmé son soutien à cette scission, déclarant : « C’est la sagesse, parce que dans ce projet de loi initial, il y avait un accord unanime du Parlement pour pouvoir permettre l’accès à des soins palliatifs partout en France. »
Une approche qui divise
Cette décision est loin de faire l’unanimité. De nombreuses voix, notamment 240 députés socialistes et macronistes, ainsi que des associations militant pour le droit de mourir dans la dignité, plaident pour un projet de loi unique.
Ces derniers estiment que séparer les débats reviendrait à retarder, voire compromettre, l’instauration d’un cadre légal pour l’aide médicale à mourir en France. Ils exhortent ainsi le gouvernement à maintenir une réforme globale et à ne pas dissocier ces deux volets interdépendants.
Pour le ministre de la Santé, la priorité est de garantir un accès aux soins palliatifs sur l’ensemble du territoire avant d’ouvrir le débat sur l’aide médicale à mourir. Il souligne que cette première avancée est essentielle.
« C’est de permettre justement de pouvoir partir dans la dignité avec des soins palliatifs où, globalement, vous êtes pris en charge, vous n’avez plus de douleur, vous pouvez faire le point avec votre famille », indique-t-il sur Franceinfo. Cette approche, selon lui, permettrait une réconciliation nationale sur un sujet aussi sensible.
La question de la fin de vie continue d’alimenter les débats
Le projet de loi de finances de la Sécurité sociale, qui inclut des mesures sur les soins palliatifs, doit être présenté début février. Toutefois, la partie concernant l’aide médicale à mourir reste floue et pourrait être reportée à une date ultérieure.
Cette incertitude alimente les craintes des associations et parlementaires qui y voient une stratégie dilatoire du gouvernement. Alors que le gouvernement tente de trouver un équilibre entre prudence et avancées sociétales, la question de la fin de vie continue de susciter un vif débat.
La volonté de scinder le projet de loi en deux pourrait faciliter l’adoption des mesures sur les soins palliatifs, mais risque aussi de retarder toute avancée sur l’aide médicale à mourir. Dans les semaines à venir, le texte devra encore être discuté et amendé, et les tensions autour de cette réforme ne devraient pas s’apaiser de sitôt.