L’euro numérique, version dématérialisée de la monnaie européenne, se profile à l’horizon, mais sa mise en place prend du retard. Prévu pour être accessible d’ici la fin de la décennie, ce projet ambitieux rencontre des résistances politiques et économiques qui freinent son déploiement.
Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, a récemment exprimé son mécontentement concernant la lenteur de l’avancement du projet d’euro numérique. Dans un entretien, il a déploré le fait que la mise en place de cette monnaie virtuelle pour le grand public avance trop lentement. Le processus est actuellement débattu au Parlement européen, mais des obstacles importants demeurent, notamment les résistances des banques privées.
Celles-ci craignent que l’introduction de l’euro numérique entraîne une fuite massive des dépôts bancaires, fragilisant ainsi leur modèle économique. Mais pour Villeroy de Galhau, cette opposition est « à courte vue ». Selon lui, l’Europe risque de se retrouver vulnérable face à des monnaies privées comme les stablecoins, qui sont déjà largement utilisés à l’échelle mondiale, rapporte Moneyvox.
Les risques des stablecoins pour l’Europe
Les stablecoins sont des cryptomonnaies dites « stables » car elles sont adossées à des actifs réels, généralement des monnaies fortes comme le dollar. Ce type de monnaie représente un véritable défi pour les banques centrales, car il échappe à tout contrôle gouvernemental. Si l’Europe ne parvient pas à lancer l’euro numérique à temps, elle pourrait se voir dominée par ces monnaies numériques privées, émises par des acteurs non européens.
Cela renforcerait la dépendance de l’Europe aux États-Unis et à d’autres grandes puissances économiques, au détriment de sa souveraineté monétaire.
Un calendrier incertain pour l’euro numérique
La Banque centrale européenne (BCE) est actuellement dans la deuxième phase du développement de l’euro numérique, phase qui s’achèvera en octobre 2025. Cependant, le cadre législatif nécessaire pour encadrer son utilisation pourrait ne pas être adopté avant le deuxième trimestre de 2026. Après cela, un délai de deux à trois ans serait nécessaire pour que l’euro numérique soit réellement accessible aux Européens via leurs smartphones, selon Piero Cipollone, membre du directoire de la BCE.
Cela signifie que les citoyens européens devront encore patienter plusieurs années avant de pouvoir utiliser l’euro numérique au quotidien. L’introduction de l’euro numérique est d’une importance stratégique majeure pour l’Europe. Elle permettrait non seulement de sécuriser les transactions au sein de la zone euro, mais aussi de protéger l’Europe des influences extérieures, notamment des entreprises américaines qui dominent actuellement le marché des cryptomonnaies.
Cependant, à mesure que le temps passe, les défis à surmonter semblent se multiplier, et l’Europe doit se préparer à une compétition féroce dans le domaine de la monnaie numérique mondiale.
