Le lancement de l’euro numérique pourra avoir lieu plus tôt que prévu. L’Union européenne fait face à une concurrence croissante de la part des États-Unis et de la Chine dans le domaine des monnaies numériques.
Dans ce contexte, la Banque centrale européenne (BCE) s’efforce d’accélérer son projet de lancement de l’euro numérique ou MNBC (Monnaie Numérique de Banque Centrale) pour maintenir l’influence de l’euro sur le marché global. Selon des informations provenant de sources proches de la BCE et relayé par le Financiel Times, le projet pourrait envisager l’utilisation de blockchains publiques comme Ethereum et Solana, au lieu de se limiter à une infrastructure privée, comme cela était initialement prévu.
Le défi de la dominance du dollar dans le marché des stablecoins
Depuis l’adoption du « Genius Act » aux États-Unis, une législation qui encadre les stablecoins et les monnaies numériques, le dollar américain a renforcé sa position dominante sur le marché des cryptomonnaies, notamment avec des stablecoins comme l’USDT (Tether) et l’USDC (Circle).
L’Europe, de son côté, redoute cette tendance, craignant que l’euro ne devienne marginalisé dans l’univers numérique. Piero Cipollone, membre du directoire de la BCE, a souligné que « l’Europe ne peut pas se permettre de rester dépendante de solutions de paiement étrangères ». Dans ce contexte, le lancement d’un euro numérique devient une priorité pour Bruxelles, d’autant plus que le marché des stablecoins atteint une valeur de 288 milliards de dollars, alors que l’euro reste encore marginal sur ce marché.
Pourquoi Ethereum et Solana pour l’euro numérique ?
L’une des raisons pour lesquelles Ethereum et Solana sont étudiés pour supporter l’euro numérique est leur popularité et la robustesse de leurs écosystèmes respectifs. Ethereum, avec ses solutions de Layer 2 et ses standards comme l’ERC-20, offre un cadre solide et éprouvé pour intégrer l’euro numérique dans des applications financières existantes. De plus, l’adoption mondiale d’Ethereum permettrait une circulation fluide de l’euro numérique à l’échelle internationale.
Solana, de son côté, est attrayante en raison de sa rapidité et de ses faibles frais de transaction. Ces caractéristiques en font une option idéale pour les paiements quotidiens et les micro-transactions. Une adoption de l’euro numérique sur Solana pourrait offrir des transactions quasi-instantanées à faible coût, facilitant ainsi son utilisation dans des contextes de paiements de masse.
Une approche multichaîne pourrait également être envisagée, permettant à l’euro numérique de circuler simultanément sur plusieurs blockchains. Cette stratégie pourrait réduire les risques liés à l’utilisation d’une seule technologie et faciliter une adoption plus large.
Les défis à surmonter
Malgré les avantages d’une blockchain publique, plusieurs défis restent à résoudre. Le premier est la confidentialité des transactions : sur une blockchain publique, chaque opération est visible et peut potentiellement être utilisée pour surveiller les utilisateurs. Des solutions comme les « zero-knowledge proofs » pourraient être envisagées pour garantir la confidentialité des données tout en respectant les normes de conformité, telles que celles imposées par les réglementations anti-blanchiment (AML) et « connaissance du client » (KYC).
En outre, la BCE devra définir clairement la gouvernance de l’euro numérique et déterminer comment intégrer les banques commerciales, les prestataires de paiement et les entreprises technologiques dans ce processus, tout en veillant à ce que le contrôle institutionnel sur la monnaie reste intact.
Malgré les informations parues dans les médias, la BCE n’a pas encore confirmé officiellement son choix de technologies ou d’approche pour l’euro numérique. Actuellement, la BCE continue d’examiner différentes options, avec la possibilité de se tourner vers des solutions à la fois centralisées et décentralisées. Le projet de l’euro numérique pourrait ainsi prendre une orientation plus ouverte, ou rester dans un cadre plus contrôlé, selon les décisions qui seront prises dans les mois à venir.








