La perspective d’un abaissement du seuil de franchise de TVA provoque une vive réaction chez les entrepreneurs indépendants. Artisans, commerçants ou prestataires de services s’alarment des conséquences concrètes de cette mesure sur leur activité. Pour beaucoup, c’est un équilibre financier déjà fragile qui risque de basculer.
La réforme, incluse dans la loi de finances 2025, prévoit que la TVA sera exigée dès 25 000 euros de chiffre d’affaires annuel, contre 85 000 euros pour les commerçants et 37 500 euros pour les prestataires jusqu’à présent. Cette mesure, suspendue jusqu’au 1er juin 2025, provoque une vague d’inquiétude dans les rangs des petits entrepreneurs.
Au micro de France 3 région, une travailleuse indépendante a indiqué que cette mesure pourrait faire fondre son revenu mensuel de 800 à 300 euros. Elle évoque un risque concret : la disparition progressive des métiers de proximité, déjà fragilisés.
Une hausse des prix difficilement absorbable
Ce changement implique, pour ceux qui dépassent le seuil, de facturer la TVA à leurs clients, ce qui entraînera une hausse des tarifs. Dans des secteurs où les marges sont faibles et la clientèle sensible aux prix, cette répercussion pourrait freiner la demande. Certains professionnels craignent de perdre des clients incapables de suivre cette hausse, même minime. « Certaines mamies ne pourront plus payer », confie une entrepreneuse à France 3 région, à propos de ses ateliers mémoire.
Tous les autoentrepreneurs ne sont pas logés à la même enseigne. Pour certains, comme les fripiers, il est impossible de récupérer la TVA sur les achats effectués auprès de particuliers. Cela aggrave leur position face à cette réforme. D’autres, situés dans des zones touristiques, peuvent espérer limiter les dégâts, mais tous ne bénéficieront pas de cette chance. L’entrepreneur Sébastien Reda, artisan brasseur, souligne qu’il mène aussi ce combat pour ses collègues les plus exposés.
Les entrepreneurs se mobilisent pour alerter les pouvoirs publics
Le 25 mars, des manifestations ont été organisées dans quinze villes de France pour dénoncer cette réforme. En parallèle, la Fédération nationale des autoentrepreneurs (FNAE) a lancé une pétition adressée au Sénat. En moins d’une semaine, elle a récolté 100 000 signatures, preuve d’un large soutien et d’une inquiétude généralisée dans le tissu entrepreneurial.
Ce débat autour de la TVA révèle une tension croissante entre volonté de lutte contre l’évasion fiscale et besoin de préserver les équilibres économiques locaux. Les mois à venir seront décisifs pour ces milliers de professionnels qui tentent simplement de vivre de leur travail.
