En raison de l’explosion des impayés dans le secteur de l’énergie en France, les fournisseurs commencent à imposer un dépôt de garantie pour sécuriser leurs revenus. Bien que cette pratique soit courante chez de nombreux fournisseurs, elle suscite des interrogations quant à sa légalité et à son impact sur les consommateurs. Quel est donc l’objectif de cette mesure et comment s’applique-t-elle dans le contexte actuel ?
En 2024, la France a enregistré un nombre record d’interventions pour impayés, avec plus de 1,2 million de cas, soit une augmentation de 24 % par rapport à l’année précédente. Cette situation a poussé les fournisseurs d’énergie à revoir leurs conditions de vente. Pour se protéger contre les risques d’impayés, certains d’entre eux demandent désormais un dépôt de garantie lors de la souscription à un nouveau contrat. Ce montant, généralement calculé en fonction de la consommation estimée pendant les mois d’hiver, permet de couvrir d’éventuels défauts de paiement. Toutefois, cette mesure ne concerne pas tous les consommateurs, et certaines exceptions existent.
Le montant et les conditions du dépôt de garentie
Le montant du dépôt de garantie varie selon le fournisseur, mais il est souvent calculé sur la base de deux mois de consommation pendant la période hivernale, qui est la plus énergivore. Selon Selectra, en moyenne, les montants demandés oscillent entre 250 € et 600 €, selon les fournisseurs. Bien que ce dépôt soit généralement remboursé une fois le contrat résilié et toutes les factures réglées, certains fournisseurs ne remboursent pas automatiquement ce montant, nécessitant une demande expresse du client. D’autres, cependant, optent pour un remboursement automatique après une période de 12 mois sans incident de paiement.
Qui est concerné par ce dépôt ?
Tous les clients ne sont pas systématiquement soumis à ce dépôt de garantie. Les personnes ayant déjà eu des difficultés de paiement dans le passé ou celles inscrites au fichier des impayés ARPE (mis en place en 2023) sont les plus susceptibles d’être concernées. De plus, des clients souhaitant payer via un compte bancaire prépayé ou sans fournir de justificatifs d’identité bancaire peuvent également se voir demander un dépôt. Il est donc essentiel de lire attentivement les Conditions Générales de Vente (CGV) pour comprendre les modalités de cette exigence.
Malgré sa popularité croissante, la pratique du dépôt de garantie n’est pas sans controverse. Le Médiateur national de l’énergie a exprimé des préoccupations concernant certaines demandes jugées excessives. Par exemple, un fournisseur avait exigé un dépôt de 500 € pour maintenir un contrat existant, une somme jugée injustifiée dans certains cas. La question de la légalité de ces pratiques est régulièrement soulevée, notamment lorsqu’elles semblent disproportionnées par rapport aux antécédents de paiement des consommateurs.
Une mesure justifiée par la sécurité des fournisseurs
Les fournisseurs d’énergie justifient cette pratique par le besoin de sécuriser leurs recettes face aux risques croissants d’impayés. En 2024, le coût des impayés pour les fournisseurs a été estimé entre 20 € et 45 € par an et par consommateur. Cette pratique vise à équilibrer les pertes financières liées aux factures non réglées, tout en offrant un cadre de sécurité pour les deux parties. Bien que ce système puisse alourdir les frais de certains consommateurs, il reste un moyen pour les fournisseurs de limiter les risques et d’assurer un service stable.
Le dépôt de garantie impose un coût initial, mais il s’agit aussi d’une mesure qui permet aux fournisseurs d’énergie de mieux gérer les risques liés aux impayés. Toutefois, cette pratique soulève des questions quant à sa justesse et à son impact sur les consommateurs, en particulier ceux en situation précaire. Les consommateurs doivent donc être vigilants et bien informés sur les modalités de cette exigence avant de signer un contrat.