Oublié par son employeur pendant 20 ans, Lahcène recevra 155 036,23 euros. Le conseil de prud’hommes a en effet condamné son ex entreprise, la filiale de Sita, devenue Suez Recyclage & Revalorisation (RV), à verser au chauffeur routier de 62 les salaires, congés et primes impayés en raison de son licenciement sans motif.
Suite à la décision rendue le 27 juin par la juridiction, Lahcène recevra 88 446,49 euros de salaires, primes et congés impayés, 50 000 euros de dommages et intérêts, 14 089,74 euros d’indemnités de licenciement et 2 500 euros de frais de justice. Il s'attendait à plus vu qu’il avait réclamé près de 610 000 euros de dommages et intérêts. Le travail de Lahcène consistait à récupérer des bennes à ordures avec son camion dans plusieurs sites de l'Île-de-France.
Le 13 septembre 2001, il a ressenti une vive douleur à la poitrine alors qu’il remontait dans son véhicule. Il s'agissait d'un malaise cardiaque qui l'avait conduit à l'hôpital, où il restera deux jours, mais il ne sera pas considéré comme un accident de travail. En juin et juillet 2002, le médecin du travail déclare Lahcène inapte à reprendre son poste. Il propose donc de le reclasser dans un poste sans manutention, mais cela n’arrivera jamais. Le chauffeur travaillait depuis 5 ans pour cette société. Cette dernière ne lui donc pas proposé de reclassement, sans le licencier. S'ensuivirent des bulletins de paie à zéro (voire négatifs) pendant des années.
Son employeur finira par le licencier en… 2020
Lahcène vivait alors de ce que lui verser la CPAM et la CAF, soit 522 euros par mois. Le conseil de prud’hommes a reconnu la faute de l’employeur dans le non-reclassement et le préjudice pour Lahcène. Mais il a estimé que Lahcène aurait très bien pu chercher du travail durant cette période, car « rien n’interdit à un salarié, même non licencié, de chercher un autre emploi ». De son côté, Lahcène a toujours cru qu’il n’avait pas le droit de trouver un autre employeur et a déclaré avoir été aidé par sa famille et ses proches.
À la fin de l’année 2020, Lahcène reçoit un courrier de son employeur qui l’invite à un point carrière. Il croit que la société va de nouveau solliciter ses services, mais il s’agissait d’un rendez-vous proposé automatiquement à tous les salariés qui atteignent 58 ans. C’est à l’occasion de cet entretien que l’entreprise comprend qu’il faut mettre un terme à cette situation inhabituelle. Lahcène est de nouveau déclaré inapte et une recherche de reclassement est mise en place, et faute de poste disponible, le licenciement est prononcé en septembre 2021. Lahcène a alors 60 ans et 20 ans se sont écoulés depuis son malaise cardiaque. Finalement, son entreprise est condamnée à lui verser plus de 155 000 euros.