Les signaux d’alerte se multiplient sur le front de l’emploi en France. En un an, les plans de suppressions d’emplois auraient presque triplé, selon la CGT, révélant une montée en puissance silencieuse des licenciements. Industrie, commerce, grandes entreprises ou PME : aucun secteur ne semble épargné, tandis que les perspectives pour les prochains mois s’assombrissent.
Depuis septembre 2023, 381 plans sociaux ont été recensés par la CGT, contre 132 lors de la période précédente. Ce chiffre représente une hausse de près de 190 %, et pourrait être sous-estimé. Le syndicat précise que de nombreux petits plans échappent à la veille syndicale, notamment dans les PME et les entreprises de taille intermédiaire. Selon les estimations, près de 300 000 emplois sont actuellement menacés à travers ces différentes restructurations.
Une désindustrialisation qui s’amplifie
La moitié de ces suppressions d’emplois touche directement le secteur industriel. La CGT évoque un affaiblissement durable du tissu productif français, avec des alertes remontées de l’automobile, de la chimie, du papier et de la sidérurgie. ArcelorMittal, deuxième sidérurgiste mondial, prévoit la suppression de 600 postes en France. Le cas du site Stellantis à Poissy illustre aussi cette tendance. Employant 2 600 personnes, l’usine pourrait cesser ses activités dès 2027, ce qui accroîtrait les tensions dans le secteur.
Le secteur de la distribution subit lui aussi une vague de difficultés. L’enseigne de décoration Casa va fermer ses magasins en France, menaçant plus de 600 emplois. De son côté, Jennyfer, marque de vêtements bien implantée, a été placée en liquidation judiciaire, exposant ses salariés à un licenciement massif. La montée du e-commerce, combinée à une baisse de fréquentation dans les magasins physiques, accélère ces restructurations.
Une stratégie gouvernementale qui pénalise l'emploi ?
Pour la CGT, ces suppressions d’emplois traduisent l’échec de la politique de l’offre menée depuis plusieurs années. Le syndicat appelle à un changement de cap, en intégrant des mesures plus interventionnistes, comme la nationalisation temporaire de certaines entreprises jugées stratégiques. Baptiste Talbot, chargé de la coordination des luttes, affirme que sans inflexion rapide, la France pourrait connaître une nouvelle vague de licenciements d’ici la fin de l’année.
La multiplication des plans sociaux reflète une instabilité structurelle du marché de l’emploi français. Si la tendance se poursuit, elle pourrait avoir des répercussions durables sur le tissu économique local, particulièrement dans les territoires déjà fragiles. L’évolution des prochains mois sera déterminante pour mesurer l’ampleur du ralentissement et la capacité de l’État à y répondre.








