Le secteur de la banque est en difficulté ces dernières années. Selon l’Association française des Banques (AFB), les démissions des conseillers bancaires sont accrues, atteignant un taux de plus de 40 % en 2019, contre moins de 25 % en 2014. Ce phénomène est particulièrement observé chez ceux qui sont chargés d’orienter les clients vers un meilleur placement financier, tant bien pour eux que pour la banque. Ce métier ne fait plus rêver pour plusieurs raisons, telles que : la numérisation des banques, la charge du travail et des conditions de travail non adéquates.
Démission des conseillers bancaires : un sous-effectif chronique
Depuis 2015, la numérisation au sein des banques a considérablement augmenté. Selon Nathalie, conseillère depuis plus de 30 ans au sein d’une banque, cette numérisation a poussé beaucoup de conseillers bancaires à quitter prématurément leur poste. C’est ce qui a engendré une défaillance dans la qualité d’accueil des clients. Selon elle, les clients ne sont plus reçus sans rendez-vous. Encore faut-il posséder un patrimoine pour espérer avoir un rendez-vous avec un des conseillers bancaires. Dans le cas contraire, les clients sont invités à consulter leur site internet ou leur application. « Nous ressemblons de plus en plus à une banque en ligne », affirme Nathalie.
La quête du PNB
Pour les conseillers, le concept du produit net bancaire est très pesant. En effet, les banques accordent beaucoup d’attention au PNB, ce qui entraine des pressions sur ces conseillers, mais aussi sur les directeurs de ces agences bancaires. Certains s’adonnent donc à des pratiques immorales, comme le harcèlement psychologique sur les employés. D’autres n’arrivent pas à s’adapter à tant de charge et préfèrent ainsi quitter leurs postes.
Par ailleurs, les conseillers sont confrontés à une désillusion causée par une perte de sens. « Les banquiers n’ont plus de vision économique et stratégique en agence. Les conseillers doivent appliquer ce que leur direction leur demande, sans avoir d’esprit d’initiative ou de prise décision. Il y a donc le bâton – la pression – sans la carotte : l’autonomie, le sens ou un salaire très important », confirme Bérengère Dubus, ancienne conseillère bancaire et désormais présidente du Syndicat des Intermédiaires de Crédit.
Les dérives de la mise en concurrence interne
Les conseillers bancaires sont constamment mis en rude épreuve. Un classement hebdomadaire est effectué mesurant alors leur niveau de performance. C’est ce qui crée un climat de travail malsain. « Les managers nous mettent en compétition, cela fait partie du mal-être au travail », explique Nathalie. « Lorsque vous êtes en haut de tableau, ça va. Vous êtes même félicité. Mais, quand ce n’est pas le cas, parfois juste parce que vous êtes sur un secteur moins porteur, c’est très dur à vivre », ajoute-t-elle. De plus, cette mise en concurrence pousse certains conseillers à commercialiser des produits rentables, mais qui ne répondent pas aux besoins du client.
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