Une expérimentation inédite va être lancée auprès de milliers de foyers pour adapter leur consommation d’électricité aux réalités du marché. Cette initiative, portée par le gouvernement, pourrait ouvrir la voie à une transformation en profondeur du tarif réglementé.
Le tarif réglementé de vente (TRV) de base, auquel sont encore abonnés 7,5 millions de ménages, propose aujourd’hui un prix unique de l’électricité, quelle que soit l’heure ou la saison. Ce système, historiquement conçu pour sa simplicité et sa stabilité, ne reflète plus les fluctuations actuelles du marché de gros de l’électricité, selon la Commission de régulation de l’énergie (CRE).
Les autorités estiment que cette rigidité n’incite pas les consommateurs à ajuster leur usage en fonction des tensions sur le réseau. L’électricité peut aujourd’hui être très abondante à certaines heures, notamment en milieu de journée l’été, voire vendue à prix négatifs. À l’inverse, les soirées d’hiver sont des périodes critiques, où la demande est forte et les prix très élevés.
Une expérimentation ciblée avant toute réforme
Le gouvernement prévoit donc de lancer une phase de test auprès de 6 000 abonnés EDF au TRV de base, tirés au sort. Ces clients expérimenteront une nouvelle version du tarif, avec des prix différenciés selon les heures de la journée, sans changement de fournisseur. L’objectif est de mesurer si un signal-prix clair peut modifier les comportements de consommation, en incitant par exemple à décaler certaines utilisations vers les périodes creuses.
Cette initiative, introduite par un projet de décret, a été transmise en urgence au Conseil supérieur de l’énergie, en vue d’une publication avant le vote de confiance du 8 septembre. Elle s’inscrit dans une logique de réforme progressive, sans remise en cause immédiate du tarif réglementé pour l’ensemble des usagers.
Une évolution vers une tarification plus dynamique de l’électricité en France
Le dispositif testé consistera à faire varier le prix du kilowattheure selon les plages horaires, avec un accompagnement spécifique pour les participants. L’expérience permettra d’évaluer dans quelle mesure les ménages adaptent leurs usages, par exemple en différant le lancement d’un lave-linge ou en réduisant la consommation lors des pics.
Cette approche s’aligne sur les pratiques déjà observées chez certains fournisseurs alternatifs, et pourrait, à terme, préfigurer une évolution plus large des tarifs réglementés. Pour l’exécutif, il s’agit aussi de préparer les consommateurs à une gestion plus fine de l’énergie, en lien avec les impératifs de la transition énergétique.
Dans un contexte de réchauffement climatique et de production intermittente des énergies renouvelables, l’ajustement de la consommation devient un enjeu central. Mieux répartir les usages dans le temps permettrait de soulager les pics de tension, de réduire le recours aux centrales thermiques, et d’optimiser le fonctionnement du réseau.
L’expérimentation menée avec EDF pourrait ainsi constituer une première étape vers une flexibilité accrue de la demande, alors que le système électrique entre dans une phase de transformation structurelle.








