Les tarifs de l’électricité sont passés sous la barre de zéro euro durant certaines périodes du mois d’avril 2024 dans les marchés de gros en France comme dans certains pays voisins. Observé tous les week-ends, ce phénomène commence à inquiéter sérieusement les grands producteurs.
Sur le marché spot, accaparant près de 30 % des échanges commerciaux en France, les prix négatifs de l’électricité ont duré 167 heures du 1ᵉʳ janvier au 30 avril 2024. Pratiquement tous les week-ends du mois d’avril 2024, les cours sont passés au-dessous de zéro euro à toute heure de la journée. Cependant, c’est le 13 et le 14 du même mois qui ont été le plus marqués par ce phénomène observé de 10h à 17h. Le prix est tombé jusqu’à -55 € /MWh en France, en Allemagne et au Benelux en début d’après-midi.
Nicolas Leclerc, cofondateur du cabinet de conseil Omnegy, explique d’ailleurs qu'« il faisait très beau ce week-end-là et le photovoltaïque a fonctionné à plein. Il y a aussi eu beaucoup de vent pour l’éolien en Allemagne ». Limités auparavant aux périodes creuses, telles que les vacances ou les jours fériés, les prix négatifs s’installent jour après jour en Europe, suscitant inquiétude des grands producteurs.
Quelle est l’origine de cette baisse de prix d'électricité ?
Considérant la difficulté de stockage des électrons, il faut toujours que l’offre soit égale à la demande. Lorsque l’offre est supérieure, les prix passent au négatif. Ce déséquilibre s’accentue donc avec l’émergence des énergies renouvelables intermittentes, solaires et éoliennes, alors que, de son côté, la consommation peine à augmenter, notamment à cause du ralentissement de l’activité économique et des efforts de sobriété visant à réduire l’augmentation du montant des factures.
Afin d’endiguer cette baisse de plus en plus présente durant l’année, plusieurs solutions sont proposées sans pour autant réunir l'unanimité quant à leur efficacité. C'est le cas de l’arrêt momentané de la production des électrons. Cette option est, d'ailleurs, contestée par l’économiste Jacques Percebois qui affirme au journal La Croix qu’« il est parfois plus coûteux, voire compliqué, d’arrêter une installation pour la redémarrer ensuite. Dans certains cas, il est plus rentable de payer pour continuer à produire ».
De son côté, le développement du stockage à côté des installations d'énergies renouvelables semble s’imposer comme le choix, le plus à même de contenir les pics de production d’électricité et les prix négatifs. Cependant, des voix s'élèvent pour mettre en doute son efficience. Mathieu Pierzo, directeur des marchés de l’électricité chez RTE, le gestionnaire public du réseau électrique français pense que « remplir de grosses batteries à certains moments de la journée pour permettre ensuite de recharger le soir les petites batteries des véhicules électriques n’est pas forcément le système le plus vertueux sur le plan environnemental ».
Enfin, d’autres voix préconisent de déplacer la consommation, en encourageant les industriels à faire fonctionner leurs machines à certaines heures de la journée, avec des contrats spécifiquement adaptés.