Avec le recul de la croissance économique et la hausse du déficit budgétaire, le gouvernement a annoncé un plan d'économies de 10 milliards pour 2024. Pour l'année prochaine, ce sont près de 20 milliards d'économies qu'envisage l'État sur le budget de 2025. Pour y arriver, plusieurs pistes sont mises sur la table. La désindexation des retraites et des allocations sociales est sans doute celle qui fait couler le plus d'encre.
Dès le mois de février, le ministre délégué chargé des Comptes publics, Thomas Cazenave, avait relancé le débat concernant l'indexation des pensions de retraite de base. « C’est une vraie question, est-ce qu’on continue à indexer sur l’inflation, l’ensemble de nos prestations, l’ensemble de nos transferts ? » avait-il déclaré.
« On aura, je crois, ce débat pour le projet de budget 2025 », avait ainsi assuré le ministre délégué. Mais seulement quelque temps après, le chef de l'État a tenu à clarifier les choses, « Il faut arrêter de sortir des mesures qui n’ont même pas été évoquées, sauf si vous voulez perdre les élections… », avait-il lancé en Conseil des ministres.
Pourtant, pour les économistes, une sous-indexation des retraites permettrait de réaliser des économies conséquentes. D'ailleurs, en 2019, en revalorisant les pensions de base à hauteur de 0,3 % (alors que l'inflation s'établissait à 1,3 % environ), l'État avait réussi à faire 2,8 milliards d'économies.
De son côté, le président du groupe Renaissance à l’Assemblée, Sylvain Maillard, a proposé d'opter pour une « année blanche ». En d'autres termes, ne pas indexer du tout les pensions de retraite ainsi que les prestations sociales. Avec une telle mesure, les 20 milliards d'économies pourraient alors être atteints. Mais cette option, l'Élysée n'en veut pas.
Il faut dire que les retraités représentent une partie importante d'électeurs, et une sous-indexation (ou désindexation) des pensions de base serait très mal reçue par ces anciens travailleurs. Pour réaliser des économies conséquentes sans toucher aux retraites et aux prestations sociales, le gouvernement pourrait se pencher sur le barème de l'impôt sur le revenu (IR).
Qu'en est-il d'une désindexation des barèmes de l’impôt sur le revenu ?
En 2024, comme pour les précédentes années, les seuils de ce barème sont augmentés pour permettre aux ménages dont les revenus ont augmenté au même niveau que l'inflation de ne pas payer plus d'impôts. La dernière fois que ce barème n'a pas été revalorisé remonte à 2012. Et c'est justement la piste envisagée par certains parlementaires.
Sauf que là aussi, une sous-indexation des barèmes de l'impôt sur le revenu « revient à une augmentation d’impôt déguisée », a expliqué au Figaro François Ecalle, expert des finances publiques et directeur de Fipeco. Et en annonçant son plan d'économies, le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, s'était engagé à ne pas augmenter les impôts des Français.