Pour concrétiser son programme économique, avec une trajectoire de déficit sous les 3% d’ici 2027, le gouvernement Attal devra visiblement faire beaucoup plus d’économies qu’il en a déjà annoncé. La Cour des comptes vient de fixer un montant de 50 milliards d’euros d’économies pour espérer atteindre un tel objectif.
Le dernier rapport public annuel de la Cour des comptes, publié mardi 12 mars, s’annonce comme une sommation pour le gouvernement de revoir ses projections en termes d’économies à consentir dans la perspective de ramener la trajectoire de déficit sous les 3% d’ici 2027.
Pour tenir un tel objectif, « ce sont près de 50 milliards d’euros d’économies qu’il faudrait réaliser d’ici 2027 », note l’institution dans son rapport. Un chiffre bien loin de ce que peuvent générer les coupes budgétaires de « 10 milliards » projetées en 2024, et « 20 milliards » pour 2025 annoncées par Bercy.
50 milliards d'euros d'économies nouvelles nécessaires entre 2025 et 2027
« La trajectoire de dépense affichée par le Gouvernement suppose, en effet, non seulement de maintenir l'objectif de solde pour 2024 mais aussi de réaliser environ 50 Md€ d'économies nouvelles entre 2025 et 2027 par rapport à la tendance observée avant- crise », indique la Cour des comptes.
Or, « ces mesures d’économies ne sont pour l’essentiel pas étayées à ce stade, les effets des réformes des retraites et de l’assurance chômage étant déjà pris en compte. Un tel effort sera d’autant plus difficile à mettre en œuvre que de nombreuses lois de programmation sectorielles (Défense, Justice, Intérieur, Recherche) orientent déjà la dépense à la hausse pour plusieurs ministères et que la transition écologique devrait mobiliser un volume croissant de financements, privés comme publics », interpelle encore l’institution.
Rester en deçà des ambitions affichées
La Cour des comptes fait encore remarquer que « de surcroît, cette trajectoire entérine un déficit croissant de la sécurité sociale ». À ce sujet, il est relevé que le solde des régimes obligatoires de base et du Fonds de solidarité vieillesse (FSV) « se dégraderait, passant de 8,7 M d’euros en 2023 à 17,2 M d’euros en 2027 ». Voilà des données qui compliquent davantage les objectifs du gouvernement.
« Toute mauvaise surprise macroéconomique d’ici 2027, toute réalisation budgétaire en deçà des ambitions affichées, feraient courir le risque d’une hausse du ratio d’endettement public au cours de la période de programmation », met en garde de façon directe la Cour des comptes. Le ton utilisé fait apparaître une fragilité sur les ambitions du gouvernement auquel il est conseillé « d’engager des réformes ambitieuses dans certains secteurs clés pour infléchir durablement le rythme de la dépense ».
Mais en attendant, l’urgence est de songer à réunir les 50 milliards d’économies pour maintenir le cap. Le gouvernement qui a déjà lancé des revues de dépenses publiques, notamment sur les aides à la jeunesse, aux entreprises, aux dépenses immobilières, entre autres, arrivera-t-il à atteindre l'objectif, en se limitant à actionner partiellement ce levier de dépenses ? Surtout que, pour l’heure, Gabriel Attal exclut toute augmentation de l’impôt.