L’école française se porte mal, et les derniers chiffres de la Cour des comptes le montrent. Malgré des moyens financiers en hausse et des élèves moins nombreux, les résultats sont en décadence, une situation qui inquiète et qui soulève des interrogations autour du système éducatif français.
En 2023, la dépense totale consacrée à l’école primaire a atteint 55 milliards d’euros, soit 2 % du PIB français. Cette somme représente près de 29 % du budget national dédié à l’éducation, couvrant également le secondaire et le supérieur. Paradoxalement, à la rentrée 2024, les effectifs ont diminué à 6,3 millions d’élèves, soit 800 000 élèves de moins qu’en 1972 et une baisse de 67 000 par rapport à 2023. Cette tendance, liée au recul marqué de la natalité, devrait s’accentuer avec une projection à environ 6 millions d’élèves en 2028.
Un système éducatif en décalage avec les besoins
Le Premier président de la Cour, Pierre Moscovici, souligne que cette baisse des effectifs ne s’est pas traduite par une amélioration des résultats. Bien au contraire, les performances des élèves continuent de baisser, en particulier dans les disciplines fondamentales. Ce phénomène illustre un décalage croissant entre les moyens engagés et les besoins réels des élèves. Ce dernier est exacerbé par une organisation parfois inadaptée, qui peine à répondre aux défis spécifiques de chaque territoire et élève.
La Cour des comptes pointe une montée des inégalités sociales, territoriales et de genre, qui creusent le fossé entre élèves. La performance scolaire reste étroitement liée à la position sociale des parents. De plus, l’écart entre filles et garçons se creuse tout au long de la scolarité, avec un nombre plus élevé de garçons en difficulté à l’entrée en sixième. Les disparités territoriales demeurent également très marquées, malgré les efforts des collectivités.
Trois défis majeurs pour repenser l’école primaire française
Face à ce constat, la Cour identifie trois priorités : placer le bien-être des élèves au cœur du projet éducatif, améliorer la coordination entre les temps scolaire et extrascolaire, et intégrer pleinement le numérique et la transition écologique dans les établissements. Elle recommande aussi d’adapter le recrutement des enseignants, notamment dans les académies en tension, et de renforcer la fonction de directeur d’école, notamment en généralisant le poste à temps complet.
Une réforme profonde du système éducatif primaire serait donc nécessaire, et ce, pour garantir à tous les enfants une éducation de qualité, malgré la baisse démographique et les évolutions sociales actuelles.
