Le géant agroalimentaire Nestlé, leader mondial des eaux en bouteille avec des marques telles que Perrier, Hépar, Vittel et Contrex, est sous le feu des projecteurs pour une affaire de fraude. En effet, une information judiciaire pour tromperie a été ouverte fin décembre 2024 par le tribunal judiciaire de Paris.
Cette enquête fait suite à une plainte déposée en septembre 2024 par l’ONG Foodwatch, dénonçant des pratiques illégales dans le traitement des eaux embouteillées. Les accusations portent sur l’utilisation de techniques de purification interdites, comme les filtres UV, le charbon actif et la microfiltration, destinées à éliminer des contaminations bactériennes ou chimiques.
Ces procédés, non autorisés pour des eaux vendues sous l’appellation « eaux minérales naturelles », auraient permis à Nestlé de maintenir sur le marché des produits non conformes à la réglementation. En avril 2024, cette fraude a conduit à la destruction de 3 millions de bouteilles issues du site de Perrier, à Vergèze (Gard).
Une enquête sénatoriale en parallèle
Depuis décembre 2024, une commission d’enquête sénatoriale examine les pratiques des industriels de l’eau. Les auditions portent sur les années de fraudes présumées dans les usines de Nestlé, situées notamment dans les Vosges et le Gard. Ces investigations visent à établir les responsabilités du groupe dans la commercialisation de produits non conformes.
Toutefois, l’ouverture de l’information judiciaire pourrait limiter l’accès des sénateurs à certains documents ou témoignages, suscitant des tensions entre les pouvoirs législatif et judiciaire. Malgré cela, Alexandre Ouizille, rapporteur socialiste de la commission, a affirmé que les travaux se poursuivront : « Un industriel ayant fraudé les consommateurs durant de longues années ne peut se soustraire à l’examen démocratique. » Les sénateurs ont également souligné l’importance de renforcer les contrôles sur les grandes entreprises pour garantir la transparence et protéger les consommateurs.
Une atteinte à la réputation de Nestlé
Cette affaire intervient dans un contexte dans lequel Nestlé tente de redorer son image après plusieurs scandales environnementaux et sanitaires. En 2024, le groupe avait déjà accepté de payer une amende de 2 millions d’euros pour mettre fin à une enquête préliminaire concernant des accusations similaires. Cependant, l’ouverture de cette nouvelle procédure judiciaire risque d’aggraver les difficultés du géant suisse.
Nestlé, tout en déclarant vouloir coopérer « de manière constructive » avec les autorités judiciaires, n’a pas souhaité commenter directement les accusations. Ces révélations pourraient toutefois affecter la confiance des consommateurs envers ses produits, dans un marché de l’eau en bouteille déjà critiqué pour son impact écologique et ses pratiques commerciales.
Cette affaire illustre les défis posés par les pratiques de certaines multinationales dans des secteurs sensibles comme l’eau. Elle soulève des questions cruciales sur la réglementation, la transparence et la responsabilité des entreprises envers les consommateurs. Le dénouement de cette enquête sera suivi de près, tant par les autorités que par l’opinion publique.