Une étude menée par l’UFC-Que Choisir et Générations Futures met en évidence une contamination préoccupante de l’eau du robinet par les PFAS, des substances chimiques surnommées « polluants éternels ». Ces composés, très difficiles à éliminer, sont largement utilisés dans l’industrie et l’agriculture. À Paris, les niveaux relevés figurent parmi les plus élevés de France, posant de sérieuses questions sur les risques pour la santé et les solutions possibles.
Les analyses effectuées sur l’eau du robinet dans 30 communes montrent que 24 d’entre elles présentent des taux significatifs d’acide trifluoroacétique (TFA), une molécule issue des PFAS. Dans 20 de ces communes, les concentrations dépassent la norme européenne de 100 nanogrammes par litre, qui entrera en vigueur en 2026. À Paris, les relevés effectués dans le 10e arrondissement atteignent 6 200 nanogrammes par litre, plaçant la capitale au deuxième rang des villes les plus contaminées.
François Veillerette, porte-parole de Générations Futures, souligne auprès de France 3 que ces substances, bien qu’encore mal connues pour la plupart, sont toxiques pour la santé. Certaines, comme le TFA, sont déjà classées dangereuses en Allemagne en raison de leurs effets sur le foie et la reproduction.
Une nouvelle solution pour filtrer l’eau du robinet
Face à cette situation, l’Agence régionale de santé Île-de-France (ARS) a intensifié ses contrôles sur l’eau du robinet en 2024, avec plus de 1 200 analyses réalisées sur 395 installations. Dans quatre cas, notamment en Seine-et-Marne et dans les Yvelines, des dépassements des seuils de qualité ont été détectés. Les collectivités concernées ont été informées, et des mesures correctives ont permis d’améliorer la situation.
Le Syndicat des eaux d’Île-de-France (Sedif) a également investi 800 millions d’euros dans une nouvelle technologie de filtration à Méry-sur-Oise. Si cette solution permet de limiter la présence de PFAS dans les réseaux d’eau potable, elle ne résout pas le problème à la source. François Veillerette alerte sur le fait que ces polluants, rejetés dans les rivières, finissent par être réintroduits dans les circuits en aval.
Vers une loi pour l’interdiction des PFAS ?
Pour remédier à cette contamination généralisée, certains experts plaident pour une interdiction totale des PFAS. Une proposition de loi visant à limiter leur production et leur commercialisation sera soumise au vote des parlementaires en février 2025, comme l’indique France 3. À l’échelle européenne, un projet similaire est à l’étude, témoignant de l’urgence de prendre des mesures globales contre ces substances.
Malgré ces inquiétudes, François Veillerette rappelle que l’eau en bouteille n’est pas une solution idéale. Elle génère des déchets et peut elle-même contenir des résidus chimiques, comme les PFAS ou des nanoplastiques. La seule réponse durable, selon lui, réside dans l’élimination progressive de ces substances de l’environnement.