En avril dernier, le groupe Nestlé Waters a été contraint de détruire plus de deux millions de bouteilles d’eau minérale, suite à la remise en cause de la qualité de l’eau de certains de ses forages. Cette fois, c’est l’une de ses bouteilles les plus connues qui devra momentanément disparaître des supermarchés.
La bouteille verte Perrier de 1 litre, produite dans l’usine de Vergèze, dans le Gard, ne sera plus dans les rayons des supermarchés. Le groupe Nestlé est contraint d’arrêter momentanément sa production. Aussi, sur les étalages, les consommateurs ne trouveront que des bouteilles de petit format et un tout nouveau produit appelé « Maison Perrier » comme alternatives à la bouteille de 1 litre.
Une enquête de la cellule d’investigation de Radio France et le journal Le Monde avaient révélé que le groupe Nestlé a été contraint de faire subir à deux de ses sources situées dans le Gard des opérations de désinfection. Nestlé évoque des opérations de maintenance, mais l’enquête a dévoilé un arrêt de production de la marque Perrier classique dans deux forages. Ce qui n’empêchera pas le groupe de commercialiser, grâce à un arrêté préfectoral, une nouvelle bouteille « Maison Perrier » dépourvue de l’appellation« eau minérale naturelle ».
Des traces de matières fécales et de germes ?
Nestlé, qui reconnaissait la destruction de plus de 2 millions de bouteilles au mois d’avril dernier, évoquait une « déviation microbiologique ponctuelle » due aux « très fortes pluies liées à un événement de type méditerranéen récent dans le Gard », en référence à la tempête Monica qui a frappé le sud-est de la France pendant le week-end du 10 mars.
De son côté, la préfecture du Gard a fait savoir qu’elle avait demandé au groupe Nestlé de suspendre immédiatement l’exploitation d’un des forages de l’usine de Vergèze, où est mise en bouteille, depuis 1903, l’eau de Perrier. Cette source avait « présenté un épisode de contamination à partir du 10 mars 2024 et sur plusieurs jours par des germes témoins d’une contamination d’origine fécale (coliformes, Escherichia coli), mais aussi par des germes de l’espèce Pseudomonas aeruginosa », expliquait la préfecture qui estimait que cela pouvait mettre en danger la santé des consommateurs.
Il faut dire que ce scandale remonte à plus loin. En octobre 2023 déjà, l’Agence nationale de sécurité sanitaire avait, dans une note restée confidentielle, prévenu le gouvernement quant à un « niveau de confiance insuffisant » pour assurer la qualité sanitaire « des produits finis », c’est-à-dire les bouteilles d’eau mises sur le marché par Nestlé. France Info et Le Monde, qui ont révélé l’existence de cette note confidentielle, ont fait savoir qu’outre la présence de quantités parfois dépassant le seuil réglementaire de « bactéries coliformes nombreuses », de « dégradations de la qualité microbiologique des eaux », l’Anses signalait aussi la présence de pesticides et métabolites de pesticides dans « tous les puits de forages ».
Deux ans plus tôt, Nestlé reconnaissait aussi avoir recours à des traitements interdits par la réglementation, pour le traitement des sources contaminées par des bactéries et des pesticides. Le gouvernement avait commandé un rapport à l’inspection générale des affaires sociales qui a confirmé un risque sanitaire en cas de retrait de traitements interdits. Des traitements, filtres à charbon actif et filtres UV, pourtant retirés plus tard par la multinationale, dans le but de pouvoir continuer à vendre ses produits sous l’appellation « eau minérale naturelle ».
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