La rivalité économique entre la Chine et les États-Unis franchit une nouvelle étape. Ce vendredi 11 avril, Pékin a décidé de relever ses droits de douane sur les produits américains à 125 %, contre 84 % auparavant. Cette décision intervient après une série d’annonces agressives de Washington et relance les inquiétudes sur la stabilité des échanges mondiaux.
L’escalade a été amorcée par les États-Unis, qui ont annoncé en début de semaine une nouvelle vague de droits de douane sur les importations chinoises, certains produits étant désormais taxés à jusqu’à 145 %. En réponse, la Commission des droits de douane du Conseil des affaires d’État chinois a indiqué que les surtaxes sur les importations américaines seraient portées à 125 % dès le mois de mai.
Pékin dénonce une politique commerciale jugée « hostile » et « incompatible avec les principes de l’Organisation mondiale du commerce ». Dans son communiqué, le ministère chinois des Finances souligne que cette mesure vise à protéger les intérêts économiques chinois, et à rétablir un équilibre « gravement perturbé » par les décisions américaines.
Des conséquences immédiates sur les marchés financiers
La réaction des marchés ne s’est pas fait attendre. En Europe, les principales places boursières ont basculé dans le rouge vendredi matin. À 10 h 30, le CAC 40 perdait 0,57 %, le DAX à Francfort 0,77 %, le FTSE à Londres 0,10 %, et le MIB de Milan 1,06 %. La nervosité des investisseurs se reflète également sur les marchés asiatiques, avec des reculs à Tokyo et à Shanghai.
Le dollar américain a enregistré une baisse notable, atteignant son plus bas niveau depuis trois ans face à l’euro, à 1,1326 dollar pour un euro. Les analystes s’inquiètent d’une spirale tarifaire incontrôlée, susceptible d’impacter la croissance mondiale.
L’Europe tente d’éviter la propagation du conflit
La Commission européenne a exprimé sa « profonde préoccupation » face à la tournure des événements. Le commissaire au commerce Maros Sefcovic est attendu ce week-end à Washington pour discuter d’un éventuel retour au dialogue multilatéral. L’Union européenne craint des effets collatéraux sur ses propres exportations vers la Chine et les États-Unis, en particulier dans les secteurs de l’agroalimentaire, de l’automobile et des technologies de pointe.
Le commissaire à l’économie Valdis Dombrovskis a rappelé que « l’Europe défendra ses intérêts commerciaux, dans le cadre des règles de l’OMC », rapporte Le Monde. Un sommet diplomatique entre l’Union européenne et la Chine est prévu à Bruxelles en juillet, avec comme objectif d’éviter une fragmentation durable du commerce international.
Un climat d’incertitude prolongée à cause de cette guerre des droits de douane
Les entreprises multinationales appellent à la modération, mettant en avant les risques de désorganisation des chaînes d’approvisionnement mondiales. Certaines entreprises américaines installées en Chine envisagent déjà de délocaliser leur production vers d’autres pays asiatiques. À plus long terme, cette nouvelle salve de mesures tarifaires pourrait accélérer les reconfigurations géopolitiques des échanges commerciaux.
Le conflit sino-américain, relancé par les annonces récentes, vient fragiliser la reprise économique mondiale, alors que les effets de l’inflation et des taux d’intérêt élevés continuent de peser sur l’activité. Les prochains jours seront décisifs pour évaluer les intentions réelles des deux puissances et mesurer l’ampleur du risque de rupture durable.