L'Insee a enfin publié les statistiques relatives à l'inflation pour le mois de juin 2023. Suite à une inflation annuelle de 5,1% en mai, le taux a diminué à 4,5% en juin. L'augmentation des prix continue donc de ralentir en France, après avoir grimpé à 5,9% en avril. Cette décrue observée sur deux mois consécutifs confirme une certaine accalmie de l'inflation. Elle cache pourtant une nouvelle plus inquiétante : l'explosion de la dette publique, qui a franchi le palier des 3 000 milliards d'euros.
Les prix des denrées alimentaires ont continué à augmenter au mois de juin, avec une hausse moyenne de 13,6 %. Le rythme de cette hausse a néanmoins ralenti par rapport aux deux mois précédents. Du côté des produits énergétiques, on constate même une baisse du niveau général des prix. Cette chute marque un inversement de tendance non négligeable, suite à la guerre en Ukraine et à la reprise post-Covid. Sylvain Bersinger est chef économiste du cabinet Asterès. Qualifiant ces résultats d'« encourageants », il estime que l'inflation devrait poursuivre son recul jusqu'à la fin de l'année 2023. « Le fait que l’inflation baisse et qu’elle va probablement continuer à baisser est plutôt positif pour la consommation des ménages », a-t-il ajouté.
Sylvain Bersinger s'attend à ce que la consommation, pilier de la croissance française, reprenne des couleurs d'ici la fin de l'année, ou début de l'année 2024. Au mois de mai, la consommation en France a enregistré une hausse de 0,5 % par rapport au mois d'avril. Elle reste néanmoins inférieure de 3,6 points du niveau observé sur la même période de l'année précédente. C'est la consommation accrue de produits énergétiques, en forte hausse, qui a favorisé cette tendance.
En ce qui concerne les produits alimentaires, la consommation est aussi en légère hausse sur un mois, avec + 0,3 %. Sur une année, elle enregistre toutefois un fort recul de 9,7 %. Ici encore, c'est l'inflation galopante sur une année qui est à l'origine de cette forte chute. Début juin, le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, promettait une baisse des prix de centaines de produits alimentaires pour le début du mois du juillet, suite aux engagements de 75 grands industriels français de l'agroalimentaire. Dans le même cadre, le ministère avait exhorté ces derniers à rouvrir les négociations commerciales avec les distributeurs.
Le rythme de la hausse des prix est passé de 5,1 % sur un an en mai à 4,5 % en juin selon l'estimation provisoire publiée par l'Insee ce vendredi matin. Les prix de l'alimentation ralentissent. https://t.co/raOGCjHeDW
— Les Echos (@LesEchos) June 30, 2023
La dette publique s'alourdit
Ce léger recul de l'inflation n'est en réalité qu'un écran de fumée qui cache l'explosion de la dette publique française. Celle-ci s'est encore accentuée de 63,4 milliards d'euros et a atteint les 3.013,4 milliards en valeur absolue à la fin mars. Rappelons que la dette publique en France, qui s'établissait déjà à un niveau élevé, a littéralement explosé suite à la crise sanitaire et aux fluctuations sur les marchés de l'énergie. Sylvain Bersinger se veut toutefois rassurant : « Des dettes ont été émises ce trimestre-ci alors qu’elles auraient pu être émises le trimestre d’avant ou d’après (...) Il ne faut pas se dire, c’est génial, la consommation repart ou c’est catastrophique, la dette augmente », explique-t-il.
À noter que le niveau d'endettement de l'économie française reste très largement au-dessus des plafonds imposés par les traités de l'Union européenne. En effet, ces derniers stipulent que le niveau d'endettement ne doit pas excéder 60 % du PIB, alors qu'il représente actuellement 112,5 % de la richesse nationale en France. Malgré ce bilan alarmant, l'exécutif mise sur des prévisions optimistes. Il veut ramener le taux de la dette publique à 108 % du PIB l'horizon 2027, et celui du déficit à 2,7 %, contre les 4,9 % prévus à la fin de cette année.