En plus d'être un enjeu politique pour les prochaines élections législatives, la dette française est un élément important pour évaluer la stabilité de l'économie du pays. Il y a quelques jours, l'agence de notation américaine Standard and Poor's a abaissé la note de cette dette française, qui est désormais passée de AA à AA-.
Les agences qui ont gardé la même note pour la France risquent de suivre Standard and Poor's en raison de la dissolution de l'Assemblée nationale. En effet, suite à cette annonce faite par le président français, Emmanuel Macron, Moody’s a affirmé que la note française pourrait être dégradée.
La décision du chef de l'État français « accroît les risques » concernant la maîtrise budgétaire de la France, et donc sur sa note, indique l'agence de notation Moody’s dans un communiqué rendu public le 10 juin. Cette organisation, qui a attribué un Aa2 à la France avec perspective stable, soit un cran au-dessus des autres agences Fitch et S & P qui la placent à AA depuis respectivement 2023 et le mois de mai, risque donc d'abaisser sa note pour la France.
Moody’s, qui a fait sa lecture politique des Européennes, se base également sur les possibles résultats des élections législatives anticipées. Elle indique que le parti qui sera vainqueur « n’aura probablement pas de majorité absolue ». Elle explique que la majorité relative dans l'assemblée dissoute a besoin d'« une quarantaine de sièges supplémentaires », tandis que le Rassemblement national (RN), vainqueur des européennes, en a besoin de « plus de 200 » pour gouverner seul.
« Le fardeau de la dette française est le plus élevé parmi ses pairs notés de manière similaire »
Ainsi, faute de majorité absolue dans la prochaine assemblée, Moody’s met en avant les risques de multiplication des motions de censure. Cela représente « un risque accru d’instabilité politique, d’autant que l'Assemblée nationale ne peut pas être dissoute dans sa première année », indique encore l'agence de notation.
« Compte tenu de l’instabilité du paysage politique, il est tout à fait possible que ces objectifs soient abandonnés, malgré la probable pression de la Commission européenne » pour que la France soit en ligne avec les règles budgétaires de l’UE, estime donc Moody’s en évoquant les mesures visant à ramener le déficit à 3% en 2027.
Selon cette agence de notation, « le fardeau de la dette française est le plus élevé parmi ses pairs notés de manière similaire ». Cependant, « le rythme de réduction du déficit de la France sera plus lent que celui de la plupart de ses pairs européens », fait remarquer Moody’s qui estime que la dette publique « augmentera lentement de 110,6 % du PIB en 2023 à près de 115 % du PIB d’ici 2027 ».
Ces raisons poussent l'agence de notation à s'attendre à « une détérioration de la soutenabilité de la dette française ». Cela amènerait inexorablement à la possibilité de la dégradation de la perspective et de la note « si nous devions conclure que la détérioration de la capacité d’endettement était nettement plus importante en France », conclut l'agence.