Le 26 mars 2025, la commission spéciale chargée de l’étude du projet de loi de « simplification » a voté la suppression des Zones à Faibles Émissions (ZFE). Ces zones, qui visent à limiter la circulation des véhicules polluants dans certaines grandes agglomérations, ont suscité de nombreuses critiques. Tandis que certains les défendent pour leurs bienfaits environnementaux, d’autres les considèrent comme une contrainte injuste pour les ménages les plus modestes.
Le vote en commission marque une étape clé dans l’abolition des ZFE. Ces zones avaient été introduites pour réduire la pollution de l’air dans des villes comme Paris et Lyon, où la concentration de dioxyde d’azote a diminué de plus d’un tiers depuis leur mise en place. Cependant, elles ont été largement critiquées par des élus et une partie de la population qui les accusent de pénaliser les Français les plus vulnérables, contraints d’utiliser des véhicules plus anciens et moins écologiques.
Un vote controversé et ses implications
Le vote a été soutenu par une majorité de députés de droite, du Rassemblement National, ainsi que par certains membres du groupe macroniste, tout en recevant l’abstention de plusieurs membres de gauche. Cette diversité d’opinions souligne la tension entre les enjeux écologiques et sociaux. La ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, a exprimé son désaccord, rappelant que la lutte contre la pollution de l’air est une priorité de santé publique. Elle a souligné que les ZFE sont un outil important pour protéger la santé des Français, soulignant les 48 000 décès prématurés liés à la pollution chaque année, rapporte BFMTV.
Les opposants aux ZFE pointent principalement leur impact sur les plus modestes, qui, selon eux, n’ont pas les moyens de changer leur véhicule. Ces zones ont un coût indirect pour ces foyers, souvent contraints de multiplier les trajets en raison de leur travail ou des déplacements familiaux. Le débat met en lumière un déséquilibre entre les impératifs écologiques et les réalités socio-économiques des citoyens, particulièrement dans les grandes agglomérations où les options de transport alternatives restent limitées.
La proposition de moratoire sur les ZFE et l’incertitude législative
Les députés ayant soutenu la suppression des ZFE ne sont toutefois pas totalement sereins. Le texte devra encore être validé en séance le 8 avril et pourrait être soumis à une censure du Conseil constitutionnel. Parallèlement, une proposition de loi présentée par des élus de droite et du MoDem réclame un moratoire sur les ZFE, afin d’ajuster la législation. Sylvie Bonnet, l’une des initiatrices de la proposition, estime que le sujet mérite une réflexion plus approfondie avant une mise en application complète.
Il reste à voir comment cette décision influencera la législation européenne. Les ZFE sont en partie une réponse à l’obligation européenne d’améliorer la qualité de l’air. Dans ce contexte, la France pourrait être amenée à ajuster sa réglementation pour répondre aux exigences européennes, tout en équilibrant les besoins de protection de l’environnement et les attentes des citoyens.
Le débat sur la suppression des ZFE révèle des tensions profondes entre écologie et justice sociale. Tandis que certains appellent à un ajustement des mesures, d’autres estiment que la lutte contre la pollution doit rester une priorité. Ce dossier, qui implique à la fois des enjeux de santé publique et d’équité, pourrait bien marquer un tournant dans la politique environnementale française.